L'Echo du POLISARIO

No 8, octobre- novembre 1996

Edité par la Représentation du F. POLISARIO en France
11, rue Le Châtelier, 75017 Paris, tél : +33.1. 44 15 99 46
Responsable de la publication : Fadel ISMAEL

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SOMMAIRE

EDITORIAL

CONSIDERATIONS ELEMENTAIRES SUR LA SOCIETE SAHRAOUIE

EN BREF

ONU

JEUNESSE SAHRAOUIE

SOLIDARITE

66 PRISONNIERS DE GUERRE SAHRAOUIS LIBERES PAR LE MAROC

MILLE SOURIRES






EDITORIAL

 

A propos de la solution ...

Les autorités marocaines, qui ont présenté la «régionalisation» comme étant la solution magique de tous les problèmes du Maroc, ont décidé, après la révision de leur constitution, d'inclure dans leur nouvelle division territoriale, au mépris du droit, le territoire sahraoui qui demeure, jusqu'à nouvel ordre, sous tutelle internationale .

Cette opération, appelée «réforme démocratique», permet à Rabat d'assimiler le Sahara Occidental &endash; divisé en trois morceaux, Smara, El Aaïun et Dakhla &endash; aux seize régions du Maroc.

Cette décentralisation fait la publicité d'une plus grande « autonomie » concédée par Rabat aux territoires sahraouis. Le gouvernement marocain pense sans doute que la communauté internationale y verra la solution toute trouvée au problème irrésolu du Sahara Occidental, occupé de force depuis 1975.

Il nous faut donc considérer cette réforme comme un obstacle supplémentaire &endash; et de taille &endash; dressé sur la voie de la libération de notre territoire; une mesure destinée à faire oublier &endash; et l'on a un peu trop tendance à l'oublier -que la question du Sahara Occidental est un problème de décolonisation inachevé devant être résolu par le peuple sahraoui lui-même, en vertu de son droit à l'autodétermination et l'indépendance, conformément à la charte des Nations Unies et à la résolution 1514 (XV) de l'Assemblée Générale de l'ONU.

Si les Sahraouis étaient tentés par « l'autonomie » ils l'auraient déjà acceptée au début des années'70, lorsque l'Espagne, puissance colonisatrice de l'époque, le leur avait proposé, assortie de l'engagement de Madrid de concéder l'indépendance totale au territoire après dix ou vingt ans.

Nous continuons ainsi de rappeler au bon souvenir de ceux qui oublient, l'existence d'un plan de paix onusien à mettre en oeuvre et d'un réferendum d'autodétermination à organiser. Si d'aventure, les conditions ne permettaient pas de le réaliser dans les semaines à venir, ce ne serait pas une raison pour passer outre les résolution d'une instance telle que l'Organisation des Nations Unies.

Bien au contraire: il faut oeuvrer à éliminer les obstacles à la tenue du réeferendum et établir des rapports de confiance entre les parties. La définition du corps électoral pose un problème incontournable ; il est désormais presque impossible pour les parties d'avancer dans le règlement de cette question sans que l'une ou l'autre n'ait l'impression, perdant cette bataille, d'avoir perdu la guerre; d'où l'importance capitale des négociations. Les négociations sont fondamentales, précisément pour résoudre le contentieux relatif à la définition du corps électoral qui est la clé de l'opération référendaire, et plus largement, pour garantir une solution durable et définitive. Car, il ne faut surtout pas croire qu'un réferendum qui tranchera en faveur de l'une ou de l'autre option apaisera définitivement les tensions régionales engendrées par le comflit du Sahara Occidental. La Solution rétablit la paix, instaure la confiance, consolide la stabilité et, surtout, préserve l'avenir . La Solution est une solution négociée.

Fadel Ismaïl

 


Sommaire

EN BREF

Madrid

Rencontre Abdelaziz - Matutes

M. Mohamed Abdelaziz, Président de la République Arabe Sahraouie Démocratique, Secrétaire Général du Front Polisario, s'est entretenu, mardi 29 octobre 1996 avec M. Abel Matutes Juan, Ministre espagnol des Relations Extérieures. Les entretiens, qui se sont déroulés au siège du Ministère espagnol des Relations Extérieures, ont porté notamment sur l'application du plan de paix et les obstacles érigés devant son application, sur le dialogue entre le Maroc et le Front Polisario ainsi que sur les relations bilatérales.

Au cours de ces entretiens, le Ministre espagnol a, tout en réaffirmant la position du gouvernement espagnol d'appui au plan de paix, déploré l'interruption du processus d'identification des votants et l'organisation d'un référendum libre et crédible. Le chef de la diplomatie espagnole a indiqué que le dialogue entre les deux parties demeure l'unique moyen pour débloquer le processus de paix et aller de l'avant dans la voie d'une solution juste et définitive du conflit du Sahara Occidental.

Maroc - Sahara Occidental

Le dialogue est amorcé

À la suite du discours du Roi du Maroc, le 6 novembre 1996, faisant état des entretiens qui se sont déroulés entre le Front Polisario et le gouvernement du Maroc, le Front Polisario et le gouvernement sahraoui, dans un communiqué rendu public le 8 novembre 1996 par le Ministère de l'Information de la République Arabe Sahraouie Démocratique, ont noté l'initiative du souverain marocain d'amorcer un dialogue maroco-sahraoui. « Etant convaincus que les négociations directes entre les deux parties demeurent l'unique moyen de conforter le processus de paix en cours «, les autorités sahraouies soulignent le caractère « positif « de certains passages du discours du roi du Maroc. « La partie sahraouie est disposée à entamer des négociations avec la partie marocaine et à explorer avec elle les voies politiques conduisant à une application rapide et intégrale du plan de paix dont l'objectif est l'exercice par le peuple sahraoui de son droit irrévocable à l'autodétermination et à l'indépendance «, a-t-elle tenu à rappeler. Dans son discours, le Roi Hassan II a déclaré : «Nous avons accepté (...) qu'il y ait un entretien direct». Il a souligné que «les discussions se sont déroulées pendant deux jours» et que «les deux délégations ne se sont pas séparées sur un constat de rupture». «Nous avons convenu», a-t-il ajouté, que «la porte restera ouverte», en attendant que «les choses aient mûri», précisant que «ces entretiens, comme ceux qui suivront» s'inscriront «dans le cadre du plan des Nations Unies».

Parlement européen

Réunion de l'intergroupe « Paix pour le Peuple Sahraoui »

Les eurodéputés membres de l'intergroupe sur le Sahara Occidental ont tenu leur réunion

mensuelle le 17 septembre 1996 à Strasbourg, en marge de la session plénière du parlement européen. Le président de l'Intergroupe, M. Macheal Mc Gowan a rappelé la necessité pour l'UE de définir une nouvelle position sur la question du Sahara Occidental. Il a estimé que pour sortir de l'impasse actuelle que connait le plan de paix, l'UE doit utiliser ses relations avec le Maroc pour exercer les pressions necessaires. Les eurodéputés présents ont étét unanimes pour soutenir une telle démarche.

ACP-UE

Le Sahara Occidental à l'ordre du jour

La question du Sahara Occidental a été à l'ordre du jour de l' Assemblée paritaire ACP-UE, qui s'est réunie à Luxembourg du 23 au 27 septembre 1996.

Le ministre irlandais de la coopération au développement, qui assistait au nom du Conseil des Ministres de l'Union Eurpéenne, a déclaré en réponse à une question sur le Sahara Occidental, qu'il a « exprimé, la semaine dernière, au Secrétaire général de l'ONU le souhait d'une issue heureuse ». « Je crois», a-t-il souligné, « que le Sahara Occidental ressort des compétences du Conseil des Ministres de l'UE ». « Dans les accords avec le Maroc», a-t-il ajouté, « nous allons veiller au respect des droits de l'homme au Sahara Occidental ».

ALGERIE-ANGOLA

Soutien aux pourparlers maroco-sahraouis

A l'occasion de la visite en Angola du Premier Ministre algérien, M. Ahmed OUYAHIA, Alger et Luanda ont, dans un communiqué commun rendu public le 7 novembre 1996, appelé le Maroc et le Front Polisario à négocier directement afin de « surmonter leurs divergences » et de « créer les conditions propices » pour la tenue du référendum d'autodétermination du peuple sahraoui».

Les deux chefs de gouvernement, l'algérien Ahmed Ouyahia et l'Angolais Fernando José de Franca Dias Van Dunem « ont salué l'adoption par consensus d'une résolution sur la question « du Sahara Occidental par les Nations Unies et « réaffirmé la responsabilité de celles-ci à l'égard du peuple du Sahara Occidental «. A cet égard, ils « ont souscrit pleinement à l'engagement pris par le Conseil de Sécurité et le Secrétaire Général de l'ONU concernant l'accomplissement de leur mandat repectif et consistant en la tenue d'un réferendum libre, régulier et impartial en vue de l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental «. Les deux responsables se sont déclarés «convaincues de l' importance et de l'utilité des contacts directs entre les deux parties en vue de surmonter leurs divergences et de créer les conditions propices à la mise en oeuvre rapide et effective du plan de règlement «. Ils « encouragent , à cet effet, le Royaume du Maroc et le Front Polisario à entamer dans les meilleurs délais ces pourparlers directs».

FRANCE

Parlementaires français au Sahara Occidental occupé

De quelle « neutralité » parle-t-on ?

Qu'une délégation parlementaire française visite le Maroc, il n'y a rien de plus normal, connaissant les rapports excellents qui existent entre la France et ce pays sur tous les plans et depuis tous les temps. Mais, que ladite délégation, en violation avec les règles de l'art et du droit international, se rende dans les territoires sahraouis occupés illégalement par le Maroc, voilà qui surprend et qui révolte. Au cours de la première quinzaine d'octobre 1996, en effet, une délégation parlementaire française, conduite par Mme Paulette Brise Pierne, sénateur (RPR), s'est rendue à El-Ayoun et à Dakhla, deux villes sahraouies sous occupation marocaine, au moment même où l'Assemblée Générale de l'ONU discutait de la question de la décolonisation du Sahara Occidental non encore réglée, pour réaffirmer, dans une résolution adoptée à l'unanimité, « la responsabilité des Nations Unies à l'égard du peuple et du territoire du Sahara Occidental « et la nécessité de la tenue d'un « référendum libre, régulier et impartial pour le peuple du Sahara Occidental».

Cette visite, a indiqué à la presse Mme Brise Pierne, devait permettre « aux parlementaires français de s'enquérir de visu de la situation réelle « dans les territoires sahraouis occupés.

Comment cet objectif aurait-il pu être atteint alors que la visite intervenait dans le cadre officiellement indiqué de la consolidation des «relations d'amitié maroco-françaises» et non dans celui d'une mission pour s'enquérir de la réalité vécue au Sahara Occidental occupé ? Conduits et téléguidés par les officiels de l'administration coloniale marocaine, les parlementaires français ont-ils pu voir autre chose que ce que les autorités marocaines ont bien voulu leur montrer ou faire rencontrer ?

Pour avoir une vision globale du problème du Sahara Occidental, les parlementaires français pourrait compléter cette visite par celle des territoires sous contrôle sahraoui. Il va de soi que la raison, la sagesse et l'équité recommandent de voir les uns et les autres, exigent d'écouter les uns et les autres ; ne serait-ce que pour se conformer un tant soit peu à la position de «neutralité» affichée officiellement en France.


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66 prisonniers de guerre sahraouis libérés par le Maroc

 

Le Ministre des Affaires Etrangères de la République Sahraouie (RASD) a annoncé, le 31 octobre 1996, la libération d'un groupe de prisonniers de guerre sahraouis par le Maroc. A ce propos, M. Malainine Saddik a fait la déclaration suivante :

"Le Comité International de la Croix Rouge (CICR) a remis, auourd'hui, 31 octobre 1996, au Front Polisario un groupe de 66 prisonniers de guerre sahraouis libérés par le Royaume du Maroc. Ce geste est un réponse à la libération, l'année dernière par le Front Polisario, suite à une médiation conjointe américano-algentine, de 185 prisonniers de guerre marocains.

"Les 66 militaires sahraouis, accompagnés par le Représentant-adjoint aux Nations Unis des Etats Unis, M. Inderfuth et celui de l'Allemagne, M. Enzel, ainsi que des délégués du CICR, sont arrivés d'Agadir (Maroc) à bord d'un avion affrété par le gouvernement allemand. "Le Front Polisario, tout en remerciant ces deux pays membres du Conseil de Sécurité de l'ONU, ainsi que le CICR pour les efforts déployés pour la concrétisation de ce geste humanitaire, tient à préciser :

1- Le libération de ce groupe - qui bien entendu ne constitue pas la totalité des prisonniers de guerre sahraouis entre les mains du Maroc - est un acte de réciprocité sur le plan humanitaire qui ne doit pas être compris comme la fin du conflit où encore l'application du plan de paix de l'ONU. Cet événement doit surtout rappeler à la face du monde le déni de justice dont est victime le peuple sahraoui qui est privé, depuis plus de 23 ans, de ses droits inaliénables à l'autodétermination et à l'indépendance... Les dizaines de milliers de réfugiés sahraouis, les centaines de disparus et la terreur imposée par l'occupant marocain dans les territoires sous son occupation.

2- Les intentions du Maroc sont très claires : Entraîner l'ONU dans une opération de préservation du fait accompli en impliquant celle-ci uniquement dans les aspects du plan de paix qui confortent son occupation coloniale du territoire comme la prorogation du cessez-le-feu et la libération de tous les prisonniers de guerre marocains. Il va sans dire que le plan de paix est un tout qui implique obligations et responsabilités pour les deux parties mais à la condition de son application dans son intégralité.

3- Dans ce contexte, l'ONU, et en particulier le Conseil de Sécurité doivent user de leurs prérogatives et assumer leurs responsabilités dans la mise en application du plan de règlement en tant que cadre pour la solution du conflit et en encourageant la négociation directe entre le Front Polisario et le Maroc comme le moyen le plus approprié pour une véritable impulsion du processus de paix."

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JEUNESSE SAHRAOUIE

4ème congrès de l' UJSARIO

 

Le 4ème congrès de l'Union de la Jeunesse Sahraouie (UJSARIO), qui s'est tenu du 8 au 10 octobre 1996, a pris de nombreuses décisions qui consolident l'organisation juvénile sahraouie et prônent une contribution plus large au combat du peuple sahraoui pour la réalisation de son indépendance.

Le Président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, s'adressant aux congressistes à la séance d'ouverture, a salué la jeunesse sahraouie et rendu hommage à ses sacrifices, particulièrement dans les territoires occupés. « Au Sahara Occidental, at-il dit, le combat de libération nationale a été porté par les jeunes et adopté par le peuple».

La déclaration finale du congrès a appelé les jeunes à se mobiliser davantage, y compris dans les rangs de l'Armée de Libération, pour la poursuite du combat jusqu'à la libération totale du pays. Le congrès a recommandé d'accorder plus d'importance aux problèmes sociaux et pédagogiques des étudiants à l'étranger. Les jeunes filles et les jeunes femmes sahraouies ont retenu l'attention du congrès qui a insisté sur la necessité de permettre à ces dernières d'occuper toute leur place dans le mouvement de la jeunesse sahraouie. Il faut cependant souligner que si tel est leur souhait, les congressistes n'ont pas été conséquents avec ce principe puisque le Conseil National élu, instance dirigeante de l'Ujsario, ne compte que deux filles.

Le congrès s'est félicité de l'importance et de la diversité des rapports de l'Ujsario avec les mouvements et les organisations de jeunes dans le monde. Dans ce cadre, le congrès a exprimé sa reconnaissance pour les nombreuses marques de solidarité reçues. Il a encouragé le scoutisme sahraoui et a surtout appelé au développement des contacts permanents avec la jeunesse sahraouie des zones occupées.

Les statuts de l'Ujsario, adoptés par le congrès, privilégient le dialogue, la participation de la base à la prise des décisions et à l'élaboration des orientations du mouvement, la lutte contre toute atteinte aux droits des jeunes, la consolidation des valeurs démocratiques, la coopération avec les organisations nationales et étrangères dans le cadre du respect mutuel et l'intérêt réciproque.

L'âge du Secrétaire Général et des membres du Conseil National, selon les statuts, est compris entre 25 et 40 ans. Le Consei National compte 25 membres, dont 19 élus par le congrès, trois représentent la jeunesse dans l'Armée de Libération, deux délégués pour les territoires occupés et un représentant des étudiants sahraouis à l'étranger.

Le nouveau Secrétaire Général élu est Mohamed-Mouloud Mohamed-Fadel.

 

Smara

Un magasin incendié par les jeunes

Les informations en provenance du Sahara Occidental occupé révèlent que fin d'octobre, le magasin de Smara, gigantesque grenier, où étaient gardés le matériel et les équipements réservés à la visite du roi - qui n'a pas eu lieu en 1995 - a été incendié par les jeunes de la ville en signe de protestation contre l'occupation coloniale marocaine.

 

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ONU

 

 

NEW YORK

51ème session de l'Assemblée Générale des Nations Unies Résolution sur le Sahara Occidental

L'Assemblée Générale de l'ONU a adopté, au cours de sa 51ème session, la résolution suivante sur le Sahara Occidental :

L'Assemblée Générale,

Ayant examiné de manière approfondie la Question du Sahara Occidental,

Rappelant le droit inaliénable de tous les peuples à l'autodétermination et à l'indépendance conformément aux principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et dans la résolution 1514 (XV) de l'Assemblée Générale, en date du 14 décembre 1960, contenant la déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux,

Rappelant également l'accord de principe signé le 30 août 1988 par le Royaume du Maroc et le Frente Popular para la Liberacion de Saguia El-Hamra y de Rio de Oro aux propositions du Secrétaire Général de l'Organisation des Nations Unies et du Président en exercice de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Organisation de l'Unité Africaine dans le cadre de leur mission conjointe de bons offices,

Rappelant en outre toutes les résolutions du Conseil de Sécurité et de l'Assemblée Générale relatives à la question du Sahara Occidental,

Prenant note des résolutions 1033/95 du 19 décembre 1995 et 1042/96 du 29 janvier 1996 adoptées par le Conseil de Sécurité sur la question du Sahara Occidental,

Prenant également note de la résolution 1056/96 du 29 mai 1996 par laquelle le Conseil de Sécurité a décidé de suspendre les travaux de la Commission d'identification et de réduire les effectifs de la composante militaire de la MINURSO en raison de l'absence de progrès dans la mise en oeuvre du Plan de règlement,

Gravement préoccupée par les risques que fait peser cette situation de blocage sur le processus de mise en oeuvre du Plan de règlement pour la tenue d'un référendum libre, régulier et impartial en vue de l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental et sur la paix et la stabilité de la région,

Réaffirmant à cet égard la responsabilité de l'Organisation des Nations Unies à l'égard du peuple et du terrtoire du Sahara Occidental et du maintien de la paix et de la stabilité de la région,

Soulignant l'importance et l'utilité des contacts directs entre le Royaume du Maroc et le Front Polisario en vue de créer un climat de confiance mutuelle et indispensable à la levée des obstacles pour la mise en oeuvre du plan de règlement,

Ayant examiné le chapitre pertinent du rapport du Comité Spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux,

Ayant également examiné le rapport du Secrétaire Général,

1- prend acte avec satisfaction du rapport du Secrétaire Général ;

2- réaffirme son appui aux efforts que le Secrétaire Général continuera de déployer en vue de l'organisation par les Nations Unies en coopération avec l'Organisation de l'Unité Africaine, d'un référendum d'autodétermination du peuple du Sahara Occidental, conformément aux résolutions 658 (1990) et 690 (1991) du Conseil de Sécurité, par lesquelles le Conseil a adopté le Plan de règlement de la Question du Sahara Occidental ;

3- réaffirme que l'objectif auquel ont souscrit tous les intéressés consiste à tenir un référendum libre, régulier et impartial pour le peuple du Sahara Occidental, organisé et contrôlé par l'Organisation des Nations Unies en coopération avec l'Organisation de l'Unité Africaine et sans aucune contrainte militaire ou administrative, conformément au plan de règlement,

4- exprime sa grave préoccupation face à la persistance d'obstacles à la mise en oeuvre du plan de règlement ;

5- prend acte de la résolution 1056 (1996) par laquelle le Conseil de Sécurité a décidé de suspendre le processus d'identification et de réduire les effectifs de la composante militaire de la MINURSO en raison de l'absence de progrès dans la mise en oeuvre du Plan de règlement ;

6- réaffirme la responsabilité des Nations Unies à l'égard du peuple et du territoire du Sahara Occidental et souscrit à cet égard pleinement à l'engagement pris par le Conseil de Sécurité et le Secrétaire Général concernant l'accomplissement de leur mandat respectifs et consistant en la tenue d'un référendum, libre, régulier et impartial du peuple du Sahara Occidental;

7- se déclare convaincue de l'importance et de l'utilité des contacts directs entre les deux parties en vue de surmonter leurs divergences et de créer les conditions propices à la mise en oeuvre rapide et effective du Plan de règlement ;

8- encourage à cet effet le Royaume du Maroc et le Front Polisario à entamer dans les meilleurs délais des pourparlers directs pour la relance du processus de paix au Sahara Occidental ;

9- prie le Comité Spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux de continuer à examiner la situation au Sahara Occidental en ayant à l'esprit le processus référendaire en cours, et de lui présenter un rapport à ce sujet à sa cinquante deuxième session ;

10- invite le Secrétaire Général à lui présenter à sa cinquante deuxième session un rapport sur l'application de la présente résolution. .

Pays co-auteurs: Algeria, Antigua and Barbados, Bahamas, Barbados, Belize, Bolivia, Botswana, Colombia, Costa-Rica, Cuba, Cyprus, Democratic Peopole's Republic of Korea, Dominica, Dominican Republic, Ecuador, Ethiopia, Fiji, Ghana, Grenada, Guyana, Haiti, Honduras, Jamaica, Kenya, Lesotho, Malawi, Marshall islands, Mauritania, mauritius, The Federal States of Micronesia, Mozambique, Namibia, Nicaragua, Niger, Nigeria,, Palau, Panama, Papua New Guinea, Paraguay, Rwanda, St. Kitts and Nevis, Saint Lucia, Saint Vincent and the Grenadines, Samoa, Seychelles, Sierra Leona, Solomon Islands, South Africa, Suriname, Tanzania, Trinidad and Tobago, Uganda, Uruguay, Vanuatu, Venezuela, Viet Nam, Zambia, Zimbabwe.

Quelques interventions

Sahara Occidental

M. Boukhari Ahmed, représentant du Front Polisario à New York, a déclaré que le processus de paix qui devait aboutir en 1992 à l'organisation d'un référendum se trouve dans une impasse depuis fin 1995. Dans son rapport du mois de mai, le Secrétaire général avait dit que les conditions pour un référendum juste n'étaient pas réunies.

Aujourd'hui, a-t-il ajouté, l'objectif est d'éliminer les causes qui ont fait que le processus de paix se trouve dans une impasse. Le Maroc a bafoué la légalité internationale et sa présence dans le pays est une présence coloniale. Seul le plein rétablissement de la légalité internationale pourra y mettre fin. Le référendum aurait dû avoir lieu en 1992. La Commission d'identification a arrêté ses travaux car le gouvernement marocain voulait inscrire sur la liste des votants des dizaines de milliers de Marocains, cherchant ainsi à remplacer le peuple sahraoui par des Marocains. Le processus de destruction du plan de paix a commencé ainsi, a souligné le représentant sahraoui, tout en exprimant le souhait de poursuivre le dialogue avec le gouvernement marocain.

Algérie

M. Baali (Algérie) a attiré l'attention sur le rapport de la Mission du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) qui s'est rendue à Tindouf du 10 au 16 juillet 1995. Cette Mission a constaté que 140 000 personnes étaient censées vivre dans les camps et conclu que ce chiffre était proche du nombre exact des réfugiés. «Ce chiffre ne comprend pas les milliers de Sahraouis qui étudient à l'étranger ni les 25 000 persnnes de l'armée sahraouie.» Les camps sont ouverts, dit encore le rapport, et la Mission a admis qu'elle pouvait circuler sans obstacle et poser des questions aux réfugiés sans menace. Les représentants de la Mission du HCR ont entendu des réfugiées qui voulaient retourner dans le territoire, non pas à titre individuel, mais dans le cadre d'un accord collectif. enfin, le HCR a reconnu que l'aide apportée parvient bien aux destinataires.

Maroc

Le représentant du Maroc a déclaré que son pays n'est responsable ni de l'arrêt de l'identification ni de l'impasse que connaît le processus depuis plus d'un an. Il a réaffirmé que la Maroc tient à l'organisation d'un référendum authentique. Les contacts (entre le Maroc et le Front Polisario) ont eu lieu et continueront à avoir lieu comme cela est inscrit dans les traditions du Maroc.

 

 

 

 

Union Européenne : Vive inquiétude

M. Niall Holohan, représentant de l'Irlande, a indiqué devant la 4ème Commission de l'ONU que les Etats membres de l'Union Européenne ont exprimé " leur vive inquiétude " devant le blocage total du processus d'enregistrement des électeurs sahraouis en vue de l'organisation d'un réferendum au Sahara Occidental. M. Holohan a souligné que l'Union Européenne continue de soutenir les efforts visant à l'organisation d'un réferendum libre, juste et régulier pour l'autodétermination du peuple sahraoui, conformément au plan de règlement accepté par les deux parties et approuvé par le Conseil de sécurité.

L'UE a rappelé en outre que le Conseil de sécurité a réaffirmé, dans sa résolution 1056, la necessité pour les deux parties de faire des progrès importants avant le 30 novembre prochain, date à laquelle il devra revoir la question de l'extention du mandat de la minurso.

Pour le représentant de l'Irlande, l'UE encourage les deux parties à rechercher ensemble les moyens de réimpulser le processus de paix et les appelle à réfléchir à la phase post-réferendum, comme le recommande par le Conseil de sécurité.

" Nous encourageons les deux parties à engager des négociations en vue de parvenir à une solution consensuelle ", a dit M. Holohan avant d'ajouter que " L'UE entend également mettre l'accent sur l'importance du maintien du cessez-le-feu qui est une partie du plan de règlement ".

A la solde des Marocains

M. Douglas Dryden, ancien membre de la composante militaire américaine de la MINURSO, a dans une intervention devant la 4ème commission de l'Assemblée Générale des Nations Unies, a insisté sur l'atmosphère qui règne au siège de la MINURSO à El Ayoun. La Mission est à la solde des Marocains, a-t-il dit.

Les Marocains se conduisent comme s'ils étaient propriétaires de la Mission. D'autre part, les plaintes sont régulièrement enterrées par les représentants officiels des Nations Unies et quand elles sont portées à la connaissance du siège à New York, on les estampille du sigle «pas sérieux». En outre, la liberté de mouvement du personnel de la Mission est inexistante en «zone marocaine».

Cellule de surveillance

M. Jarat chopra, Univeristé Brown, Providence, USA, a constaté avec regret l'échec du Plan de paix au Sahara Occidental et estimé que les conséquences seront plus graves qu'au Cambodge ou qu'en Somalie. M. Chopra a suggéré la constitution d'une cellule conjointe de surveillance composée des parties concernées, de l'ONU et de l'OUA, ainsi que d'un groupe de contact comprenant les Etats-Unis, la France, l'Espagne, l'Algérie, la Mauritanie et d'autres pays intéressés.


Sahara Occidental, nouveau Chypre ?

Dans une déclaration - rapportée le 5 novembre 1996 par l'APS - à une délégation de journalistes membres de l'Association des correspondants étrangers accrédités au Caire, M. Kofi Annan, Secrétaire Général adjoint de l'ONU chargé des opérations de maintien de la paix, a affirmé que l'ONU a déployé tous les efforts nécessaires pour la poursuite de l'application du plan de règlement onusien.

M. Kofi a indiqué que "l'impasse que connaît cette question se situe au niveau politique", que "le Conseil de Sécurité a examiné ce dossier et qu'il a été décidé de limiter les activités de l'ONU sur le terrain après que la commission d'identification en ait arrivé à un stade où elle ne pouvait plus poursuivre son action". "Mais si nous parvenons à convaincre les deux parties d'accepter la reprise du processus de règlement, nous serons alors prêts à poursuivre nos activités", a-t-il ajouté.

Interrogé sur les options éventuelles en cas de persistance de l'impasse dans laquelle se trouve l'opération d'identification, M. Kofi a précisé que "cette opération relève de la compétence du Conseil de Sécurité qui en débattra à la fin du mois de novembre en cours. La question qui se pose, a-t-il dit, est de savoir si l'ONU va continuer à financer cette opération en dépit de l'impasse actuelle, ou si le Conseil de Sécurité va décider autrement".

" Tout ce que je peux dire, a ajouté M. Kofi, c'est que dans toutes les régions, les gouvernements craignent un nouveau Chypre où les forces onusiennes ont été déployées de longue date". Et M. Kofi de conclure :
" La question donc est de savoir si on doit se contenter du demi-succès réalisé, qui est le cessez-le-feu, même si rien n'a été fait au niveau du règlement politique, et poursuivre les efforts, ou si on doit retirer les forces de l'ONU au risque de voir la situation se dégrader ... une décision difficile ".

 

MINURSO

Financement

La demande du Secrétaire Général de débloquer 13,3 millions dollars pour la période du 1.7.96 au 30.11.96, et 18,6 millions dollars pour la période du 1.12.96 au 30.6.97, en cas de prolongation de la Mission au-delà du 30.11.96, a été acceptée par l'Assemblée Générale. La MINURSO comprend 230 observateurs militaires, 9 membres de la police civile et 167 membres de l'administration. Depuis sa création la MINURSO a coûté plus de 231 millions dollars.

Dernière minute

L'ONU se félicite du dialogue Polisario&endash;Maroc et proroge de six mois le mandat de la MINURSO

Alors que nous mettons sous presse, nous apprenons la publication du rapport S/1996/913 du Secrétaire Général de l'ONU. Dans ce rapport, M. Boutros-Ghali déclare, en guise de conclusion : « Etant donné les informations récentes selon lesquelles les parties avancent sur la bonne voie, et pour leur laisser le temps de progresser plus avant, je recommande au Conseil de sécurité de proroger le mandat de la Minurso pour une période de six mois prenant fin le 31 mai 1997, tout en indiquant clairement que l'on ne saurait attendre de la communauté internationale qu'elle appuie indéfiniment la prorogation du mandat de la MINURSO si des progrès tangibles ne sont pas faits vers un règlement de la question du Sahara Occidental.» Par ailleurs, l'ONU s'est félicitée du dialogue entamé entre le Front Polisario et le Maroc et a considéré que celui-ci « ne peut que contribuer au règlement des problèmes en suspens au Sahara Occidental «. Selon le porte-parole de l'ONU, M. Ahmed Fawzi, le Secrétaire Général des Nations Unies a " encouragé un tel dialogue et continuera à le soutenir à travers son Représentant Spécial dans la région, M. Erik Jensen, pour dépasser le blocage qui entrave actuellement le processus d'application du plan de paix de l'ONU, particulièrement l'identification des électeurs sahraouis "

 

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SOLIDARITE

Valence (Espagne)

LE PRIX DE LA SOLIDARITE INTERNATIONALE ATTRIBUE AU PRESIDENT ABDELAZIZ

M. Mohamed Abdelaziz, Président de la République Arabe Sahraouie Démocratique, Secrétaire Général du F. Polisario, a reçu, samedi, 26 octobre 1996, à Valence, au cours d'une grandiose cérémonie, le Prix de « LA SOLIDARITE INTERNATIONALE », décerné par la revue catalane «El Tempo» (Le Temps) et la Fondation valencienne Ausias March.
La distinction accordée au chef de l'Etat sahraoui a été organisée dans le cadre du vingt- cinquième anniversaire des «Prix Octobre» (Premis d'Octobre), qui sont décernés chaque année à des personnalités catalanes du monde de la culture, des arts et lettres et de la communication, ainsi qu'à des personnalités européennes de divers horizons.
Le Prix de la «SOLIDARITE INTERNATIONALE», a revêtu une signification particulière pour les organisateurs, cette année, qui ont tenu à l'attribuer au Président Abdelaziz, en hommage à la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance, mais aussi en signe de solidarité de la communauté valencienne et, au delà, de la Catalogne avec un peuple qui force l'admiration de par sa résistance séculaire à l'occupation et les efforts prodigieux qu'il a accomplie dans l'affirmation du fait national sahraoui et la restauration de la nation sahraouie. La cérémonie d'attribution, qui s'est déroulée au cours d'un gala, dont l'invité vedette a été incontestablement le Secrétaire Général du F. Polisario, a connu un éclat particulier et a été retransmise en direct par la télévision espagnole, TVE, la chaine catalane TV3 et TV3 satellite, un gala télévisé en présence de près de 1300 participants, parmi tous ceux qui comptent en Catalogne, des personnalités politiques et notamment M. Ciscar Cipria, responsable à l'organisation du PSOE, des artistes, des peintres, des hommes de lettres et de la culture, dirigé par Manuel Huerga, cineaste et directeur artistique de l'inoubliable cérémonie inaugurale des Jeux Olympiques de Barcelone, ainsi que l'Ambassadeur d'Algérie à Madrid, M. Abdelaziz Rahabi.
Le moment fort et d'une extrême émotion du gala, animé par Manu Dibango, a été l'annonce, par Carles Sola, recteur de l'Université autonome de Barcelone et président du conseil des recteurs des Universités espagnoles, de l'Octroi du prix de la «SOLIDARITE INTERNATIONALE» de la revue «TEMPS» et de la Fondation Ausias March au leader du F. Polisario. A l'unisson et comme un seul homme, l'assemblée s'est levée pour acclamer M. Mohamed Abdelaziz. Vêtu d'un costume sombre, M. Abdelaziz, visiblement ému est monté à la tribune saluant et répondant aux ovations, par quelques mots en catalan avant de dire au nom du peuple sahraoui, du F. Polisario et du gouvernement de la RASD «l'honneur de recevoir un Prix de grand prestige en hommage à l'inlassable tâche accomplie par le F. Polisario, en faveur de la paix, la liberté et la justice ». (APS, 27/10/96)

Sabadell

22EME CONFERENCE EUROPEENNE DE SOUTIEN AU PEUPLE SAHRAOUI

« Le combat du peuple sahraoui est devenu, cessez-le-feu oblige, un combat essentiellement médiatique », dit la République Sahraouie aux mouvements et comités de soutien européens au peuple sahraoui qui se réunissent à Sabadell ( Barcelone ) du 15 au 17 novembre prochain pour la 22ème fois. Force est de constater que, malgré cet impératif stratégique essentiel, l'information ne passe pas plus entre les différents départements sahraouis qu'entre la partie sahraouie et les agents de la solidarité internationale et entre les partenaires du soutien en Europe, eux-mêmes. Le message délivré à la communauté internationale par les Sahraouis et les mouvements qui soutiennent leurs efforts pâtit de cette défaillance. La communication sera donc le sujet central de la conférence. Depuis vingt ans, si les rangs de la fraternité européenne avec notre peuple se sont élargis, si les moyens techniques et matériels de la solidarité internationale se sont accrus, les méthodes du soutien au peuple sahraoui sont toujours les mêmes. La teneur du message délivré à l'opinion et les activités des mouvements qui ont épousé la cause sahraouie demeurent inchangées ou, peu s'en faut. Cette 22ème CECSPS doit marquer un tournant dans l'histoire du soutien au peuple sahraoui qui semble figé dans une espèce de routine, alors qu'il s'agit, plus que jamais de sensibiliser l'opinion internationale. En effet, tandis que le cessez-le-feu onusien se fragilise, nous entrons dans l'ère des négociations avec le Maroc. Et, maintenant ou jamais, nous avons besoin de votre aide à tous. Nous requierons la surveillance souveraine de l'opinion publique. Et si les entrevues maroco-sahraouies ne donnent rien, il faut la convaincre, elle qui n'aime ni la guerre, ni la politique, de la légitimité du retour aux armes du peuple sahraoui.

 


Sommaire


 

Considérations élémentaires sur la société sahraouie

Déconflictualité de la société sahraouie

par Ould Eleya Ould Yara

 

Les Sahraouis ont toujours été perçus par rapport à leur attachement supposé aux pays limitrophes et jamais considérés politiquement et socialement comme une société en soi. C'est comme ça qu'on les identifie (entre 1830-1956), depuis le départ précipité du colonialisme espagnol et post colonial caractérisé par des ambitions territoriales. L'affirmation du mouvement sahraoui secoue cette représentation. Cet état de fait oblige par conséquence les scientifiques à s'interroger sur la nature du système social sahraoui lui-même et réfléchir sur sa mutation intrinsèquement manifeste.

Nous opérons, (et sans réfuter des notions, biens connues dans les travaux relatifs aux pays en voie de développement, telle construction, reconstruction, en voie de développement), les changements effectués par et à travers la société sahraouie en terme de resocialisation par opposition à une société qui, elle, vit et maintient un système social routinier. De toute manière et vu le temps historique des pays récemment décolonisés la construction, le développement ne peuvent se réaliser sainement tant que la société n'a pas repensé intelligemment et réfléchit sur la nature du rapport social.

D'où notre idée que la resocialisation constitue un paradigme plus adapté aux sociétés en lutte et qui tentent de surmonter l'ancien rapport qui a fait son «bon» temps pour tendre vers une modernité sociétaire plus juste. Elle est perçue, en effet, dans le fait qu'un peuple est persuadé de se conformer aux nouvelles valeurs et normes et relations sociales, et décide de rompre évidemment mais sans rupture avec la hiérarchie de structure du pouvoir de l'ordre social ancien. Mais cette nouvelle forme que la société sahraouie a prise depuis trois décennies, ne pouvait pas voir le jour, ni conserver les acquis sans ressaisir ses fondements émanant du passé précieux, ainsi, la société sahraouie a vécu autrefois les conflits tribaux.

Il existe une liaison organique entre ce que nous pouvons appeler le processus de déconflitualité c'est-à-dire neutraliser, et non occulter le conflit comme rapport primordial acquis et une resocialisation. Etablir ce rapport n'est pas un jeu de spéculation littéraire mais obéit à l'impératif de la progression sociale qu'il faut observer pour comprendre la spécificité d'une société et sa personnalité historique.

Sans la compréhension comment une société déconflictualise ses rapport, nous ne pouvons pas comprendre son automomie et sa manière actuelle de resocialiser sa lutte présente et conserver sa forme structurelle choisie. Il s'y s'opère depuis longtemps à notre sens une déconflictualité des rapports sociaux. Peu d'étude peuvent nous signifier cette dimension de la société. On s'est limité le plus souvent à la notion de la cohésion ou de la solidarité par instinct, chères à certains des anthropologues, qui reste insuffisante pour opérer le changement effectué en profondeur.

Il faut maintenant se retourner vers un autre type d'explication qui prend pour exemple la situation sahraouie elle-même découlant de ces constatations sociologiques. Comnment s'effectue la détribalisation des rapports sociaux sahraouis et comment peut s'établir cette resocialisation.

Deux indications peuvent nous servir d'hypothèses confirmant cet état social conflictuel que la société sahraouie a laissé derrière elle.

1- «Le tiah» qu'une tribu ou fraction de tribu, opère par surprise sur ses ennemis par l'intermédiaire des guerriers, qui font partie de l'ère culturelle sahraouie.«Le tiah», autrefois, et dans l'ancien régime le nerf des rapports sociaux entre tribus intercommuniautaires, n'est plus inscrit comme pratique grâce à la mobilité sociale au sein même de la société du Sahara Occidental ainsi que son réseau complexe d'alliance de mariages, entre fractions et différentes stratification tribales. Les dépassement de ce qu'on nomme les razzies est maintenant une chose acquise.Cette dynamique opérée dans la société sahraouie a atténué les conflits entre tribus dont les guerres de charbouba ainsi que les conflits qui suivirent jusu'à la décomposition de l'armée de libération sahraouie de 1958, ont constitué l'âge héroïque. Plus ils eurent des alliances tissées entre tribus autrefois distinctes, plus le tiah devient rare et limité. Ce n'est pas seulement le politique qui a fait émerger un rapport social déconflictualisé, mais là où il y a tradition guerrière, s'opère un autre rapport plus contractuel. Cette société vise d'emblée à se libérer de ce fait qu'elle pense faire obstacle à son inspiration politique et morale.

Le châr, qui découlait de l'hostilité inter-tribale parfois synonyme de tiah, devient méprisé dans une société qui à une maturité guerrière. Ce terme devint une expression, synonyme du «mal» concernant toute forme de conflit même interpersonnel. Pour citer le même principe mais dans un autre contexte différent, l'expression française : «le moyen-âge vous remonte à la tête» part dans ce sens et signifie que les pays à base conflictuelle n'ont pas la solution idéale pour s'expliquer à l'intérieur de leur forme sociale.

2- La déconflitalité de la société sahraouie a été mise à l'épreuve récemment. Quand les combattants sahraouis se trouvèrent devant leurs cousins incorporés à la hâte dans les wahadat, unités militaires marocaines. En effet, ils se sont trouvé devant une situation paradoxale qui pouvait ranimer le châr. Du fait que leur but est de libérer les territoires occupés, lutte entamé contre l'armée espagnole entre 1973-1975 et l'armée marocaine avant le cessez-le-feu et l'intervention de l'ONU, ils ne peuvent plus intégrer la lutte inter-tribale.

En effet, le Maroc a eu recours au procédé historique d'incorporer certaines tribus comme un tiroir-caisse tribal contre un solde pour défendre leur territoire. L'engagement des troupes tribales a été un échec fatal, mais cet événement brutal constitue une opportunité pour le Front Polisario de tester sa fonction de cohésion sociale et sa grande prudence face à d'éventuels conflits intercommunautaires notamment en temps de guerre et face à un occupant qui, lui, ne peut logiquement avancer que s'il stigmatise la volonté légitime de l'autre.

La détribalisation est donc en rapport direct avec la resocialisation. Des mouvements de libération n'ont pas, chacun dans leur contexte de lutte, pu rejoindre les deux bouts, détribaliser pour resocialiser et non tribaliser pour désocialiser. Les combats contre leurs ennemis considérés comme batailes principales n'ont pas pu prendre, ou très mal en considération le maintien vital du bon rapport intercommunautaire. Une société qui lutte pour l'affirmation de soi ne doit et surtout ne peut pas s'épuiser dans l'antagonisme intrinsèquement. Nous pouvons, donc par ces indications sommaires accentuer le principe de la déconflictualité qui émerge et se comprend dans la mouvance historique des tribus dans la société sahraouie comme un résultat de sa personnalité historique avant même qu'elle amorce sa récente lutte. Ainsi, la détribalisation d'une société autrefois en guerre a préparé solidement la forme nouvelle de la resocialisation de cette même société.


Mille sourires

Cent enfants en France (5000 en Espagne, 2000 en ItalieŠ) ont vu cet été, pour la première fois, ce qu'ils ne connaissaient qu'a travers le livre de géographieŠ et les récits de leurs copains, de leurs ainés, des enfants sahraouis qui se succèdent, depuis 1980, chaque été, accueillis quelque part en Europe (Š)En rendant sincèrement hommage à toutes celles, à tous ceux, qui ont réalisé le rêve d'un enfant du Sahara Occidental, nous appelons les familles, collectivités, associations et institutions de France, au nom de la fraternité, pour que mille enfants sahraouis soient accueillis ici l'été prochain.


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