L'Echo du POLISARIO

No 7, septembre 1996

Edité par la Représentation du F. POLISARIO en France
11, rue Le Châtelier, 75017 Paris, tél : +33.1. 44 15 99 46
Responsable de la publication : Fadel ISMAEL

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SOMMAIRE

EDITORIAL

ONU

EN BREF

DROITS DE L'HOMME

CONSIDÉRATIONS ÉLÉMENTAIRES SUR LA SOCIÉTÉ SAHRAOUIE

DANS LA PRESSE






EDITORIAL

Maroc &emdash; Sahara Occidental :

VERS UN SOMMET ABDELAZIZ-HASSAN II ?

 

Septembre 1991 - septembre 1996 : cinq ans déjà... Depuis que le Front Polisario et le Maroc ont décidé d'observer un cessez-le-feu, afin de permettre la mise en Šuvre du plan de paix de l'ONU et de l'OUA au Sahara Occidental, cinq longues années de trêve se sont écoulées.
Après d'innombrables reports le référendum d'autodétermination, qui aurait dû se tenir en janvier 1992, est de moins en moins probable, et la Mission de l'ONU au Sahara Occidental est de moins en moins justifiée. Néanmoins, le Conseil de sécurité a continué d'enjoindre à la Minurso, échéances à l'appui, d'enregistrer quelques progrès. Ainsi, la dernière-date butoir de novembre 1996 approche, et, comme il fallait s'y attendre, rien n'a bougé. Le plan de paix est toujours au point mort: l'opération clef du processus référendaire &emdash; l'identification des électeurs &emdash; est suspendue depuis bientôt un an à cause de l'obstination du Maroc à vouloir se confectionner un corps électoral sur mesure.
Ça : New-York le sait, mais n'en dit mot.
Cependant, le représentant spécial de l'Onu pour le Sahara Occidental, M. Erik Jensen, s'efforce, depuis quelques mois, de convaincre Sahraouis et Marocains pour qu'ils se mettent à la table des négociations. Les médias, s'appuyant notamment sur une déclaration de M. Boutros-Ghali aux ambassadeurs africains en poste à New York, ont évoqués les récentes rencontres secrètes maroco-sahraouies qui ont eut lieu à Genève et à Rabat respectivementen Aout et en septembre 1996. Mais, aussi longtemps que les discussions entre le Maroc et le F. Polisario ne seront pas parrainées par un "poids lourd" de l'échiquier international, elles ne déboucheront sur rien : les Marocains s'en tiendront, comme d'habitude, à proposer le "pardon royal" aux "égarés", tandis que les Sahraouis ne cesseront d'exiger du Maroc la reconnaissance de la République Arabe Sahraouie Démocratique. Dialogue de sourds à l'issue prévisible : un constat d'échec (Bamako 1978, Lisbone 1979, Alger 1983, Taef 1988 et Marrakech 1989).
Rabat donne la fausse impression de vouloir négocier. L'objectif est de prolonger indéfiniment la situation de "ni paix ni guerre", gagner du temps: un temps sans guerre et sans reproche. En effet, si la communauté et l'opinion publique internationales ne peuvent ignorer le bruit des canons, elles ferment volontiers les yeux sur la sourde pérennisation du conflit dans sa fausse forme de paix actuelle. Dès lors que la bienséance le permet, tout le monde préfère la complaisance à l'égard d'un précieux partenaire ; le Maroc se voit décerner assez facilement les brevets de "démocratie" et de "modernité". Finalement, peu importe que le Maroc écrase impunément un petit peuple de moins d'un million d'âmes, pourvu qu'il le fasse en silence !
Contre toute attente, le peuple sahraoui ne s'est pas laissé faire. Il a montré qu'il puise paradoxalement des forces dans la douleur de la séparation, les souffrances de l'exil et la brutalité de l'occupation coloniale marocaine. Et, à un moment où l'option militaire semble plus que jamais d'actualité, les observateurs internationaux feraient mieux de se remettre rapidement à travailler au règlement politique du conflit du Sahara occidental, ce chantier interrompu du droit international. Certaines positions sont décisives comme celle de la France impliquée à de nombreux égards dans tout ce qui se fait au Maghreb. Or, il faut encourager la solution politique, concilier les deux parties, les mettre en confiance. Bref, transformer les simples contacts en de vraies négociations qui seules permettront de dépasser l'impasse actuelle, sans heurts.
Si la communauté internationale exerce une pression suffisante sur les deux parties, une rencontre au sommet entre le président sahraoui Abdelaziz et le souverain marocain Hassan II pourrait se réaliser, et ce, d'autant plus facilement que ni le Maroc ni le F. Polisario ne peuvent se targuer d'être, actuellement, dans une posture confortable. Alors que celui-ci est prisonnier d'un cessez-le-feu de plus en plus injustifié et injustifiable, celui-là est l'otage d'une situation intérieure en ébullition, sur fond de succession, sous les effets conjugués de la misère, des fondamentalistes, des militants radicaux, des "généraux" &emdash; politiques et militaires &emdash; ambitieux ; le palais n'est pas à l'abri de la tempête qui couve. Rappelons la thèse de Tocqueville : « Les régimes usés ne sont jamais aussi fragiles que lorsqu'ils tentent d'accomplir les réformes nécessaires à leur survie. »

Fadel Ismaïl


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EN BREF

La France pour un règlement juste et durable de la question du Sahara Occidental

Dans une lettre adressée le 29 août 1996 à Monsieur Louis VIANNET, Secrétaire Général de la CGT, en réponse à un courrier de celui-ci qui lui a été adressé le 18 juillet 1996, le Président Jacques CHIRAC a réaffirmé le soutien de la France au « référendum d'autodétermination « au Sahara Occidental.

« Je tiens à vous réaffirmer », écrit le Président CHIRAC, « que les autorités françaises, fidèles aux valeurs qui fondent notre République, sont attachées au respect des Droits de l'homme et des libertés individuelles, au Maroc comme partout dans le monde, et continueront de soutenir les efforts pour la construction d'un véritable État se droit au Maroc ».

« En ce qui concerne la mise en Šuvre du plan de règlement de l'ONU au Sahara Occidental », a-t-il ajouté, « la France, fidèle à l'objectif d'un règlement juste et durable de la question du Sahara Occidental par l'organisation d'un référendum d'autodétermination, a toujours affirmé sa volonté, neutre et impartiale, de voir appliquer le plan de règlement tel qu'il a été agréé par les parties en août 1988 ».

« Elle reste attachée », précise le Président français, « à l'action de la MINURSO, dans son double aspect de contrôle du cessez-le-feu et de mise en Šuvre du processus référendaire » et « continuera à agir en ce sens, au sein des Nations-Unies, comme auprès des parties et de l'ensemble des acteurs concernés ». El le président CHIRAC de conclure que la France « rappelle à chaque occasion ses préoccupations et accorde son plein soutien aux efforts du Secrétaire Général des Nations Unies et de son représentant sur place, en vue de la restauration de la confiance et de la levée des obstacles à la reprise du processus de règlement ».

3ème session du Conseil National Sahraoui

La 3ème session du Conseil National Sahraoui (CNS), se tient du 22 septembre à la fin de la 2ème semaine d'octobre 1996, à la wilaya de Smara, dans les camps des réfugiés sahraouis.
Lors de sa dernière session, qui s'est tenue au printemps à la wilaya d'El Aaiun, le parlement sahraoui a examiné le programme du gouvernement pour le premier trimestre de l'année en cours et a adopté plusieurs projets de loi qui lui avaient été soumis par le gouvernement, portant notamment sur les finances, la fonction publique ainsi que sur le dédouanement de certains produits importés.
Lors de l'actuelle session, le CNS procédera à l'étude du programme du gouvernement pour les mois à venir. Il examinera des projets de loi concernant l'information, l'enseignement, le code pénal ainsi que l'organisation des tribunaux. Selon des sources bien informées, le gouvernement est mis à rude épreuve face à des députés de plus en plus exigeants, très soucieux de l'efficacité de l'exécutif.
Le plan de paix est également à l'ordre du jour. Le CNS aura à se prononcer sur la situation qui prévaut actuellement, à la lumière du dernier rapport du Secrétaire général de l'Onu sur le Sahara Occidental et des récents développements enregistrés dans ce domaine.

Rappelons que le CNS est composé de 101 membres, élus en septembre 1995 au suffrage universel, au lendemain du 9ème congrès du F. Polisario.

La libération de l'Afrique inachevéeŠ

Le huitième congrès du Mouvement panafricain de la jeunesse, réuni à Alger, a dénoncé, dans un message au Peuple Sahraoui, l'occupation militaire illégale de certaines régions du Sahara Occidental par le Maroc. Le MPJ a affirmé qu'il « poursuivra son soutien ferme et inconditionnel à la lutte légitime menée par le peuple sahraoui pour l'exercice de son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance et pour le recouvrement de sa souveraineté sur l'ensemble de sa patrie », et estime que « la libération de l'Afrique restera incomplète tant que la RASD n'aura pas été totalement libérée.»
Le Congrès a appelé « d'urgence » l'ONU à prendre des « mesures concrètes à même de contraindre le Maroc d'abandonner ses exigences et permettre le déroulement du référendum d'autodétermination ».
Il regrette que le rapport du secrétaire général de l'ONU ne fasse pas mention des centaines de Sahraouis qui ont manifesté à Rabat début août, et qu'aucune investigation n'ait été menée sur le sort des Sahraouis condamnés à Boujdour pour avoir manifesté pacifiquement le 20 mai de cette année.

Algérie - Tanzanie : application fidèle du plan de paix

A l'issue de la visite officielle du ministre tanzanien des Affaires étrangères et de la coopération internationale, M. Jakaya Kiwete, l'Algérie et la Tanzanie ont réaffirmé, samedi 21 septembre 1996, leur soutien à l'application du plan de paix de l'Onu et de l'Oua pour le règlement de la question du Sahara Occidental.
Dans un communiqué conjoint, selon l'APS, les deux pays ont « réaffirmé leur soutien à la mise en Šuvre fidèle et intégrale du plan de règlement et à la tenue d'un référendum libre et honnête qui permettra au peuple du Sahara Occidental de déterminer souverainement son destin. »
Les deux pays, souligne le communiqué, « sont convenus de la nécessité pour l'Onu de prendre des mesures concrètes pour la poursuite du processus politique afin de conforter le cessez-le-feu et de promouvoir un climat de confiance entre les deux parties, le royaume du Maroc et le Front Polisario, de nature à leur permettre de s'engager en toute sérénité dans le référendum. »

L'Union Européenne encourage la promotion de la confiance mutuelle entre les parties

L'Union Européenne, à travers un mémorandum distribué aux pays membres de l'ONU, à l'occasion de la 51e session de l'Assemblée Générale de l'ONU, vient de réaffirmer son soutien au plan de règlement de l'ONU, qui prévoit la tenue d'un référendum libre, régulier et impartial sur l'autodétermination du peuple sahraoui. L'Union Européenne regrette l'absence de progrès substantiels dans la mise en Šuvre de ce plan et souhaite qu'une solution soit trouvée rapidement aux problèmes qui ont provoqué l'interruption du processus d'identification des électeurs et la réduction des effectifs de la Minurso. Et le mémorandum d'ajouter : « L'Union Européenne continuera à inviter toutes les parties à promouvoir la confiance mutuelle et à coopérer pleinement avec le secrétaire général des Nations Unies afin que la mise en Šuvre du plan de règlement puisse reprendre dans tous ses aspects.


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DANS LA PRESSE

 

Hicham Ben Abdallah el Alaoui:

« La monarchie marocaine tentée par la réforme »

Tandis que le roi du Maroc prépare sa succession en silence, et, &emdash; on le chuchote &emdash; envisage un bicaméralisme transitoire; alors que de belles perspectives euro-méditerranéennes se profilent à l'horizon 2000, et parce-que « le Maroc doit saisir le moment historique ou régresser », Hicham Ben Abdallah el Alaoui, prend sa plume et expose son diagnostique dans Le Monde Diplomatique.

Le Maroc actuel souffre d'une « crise de légitimité gouvernementale ». Rien de surprenant: combien de projets d'« alternance » ont avorté sous le règne de Hassan II ? On ne sait plus les compter. Quels moyens déployés à la solution d'une fracture sociale &emdash; un abîme ! &emdash; qui s'aggrave ? Et, quelles élections ! Quelle transparence ? Ce pays a une infinité de ressources et un peuple au patriotisme admirable comme l'attestent son dévouement aux intérêts nationaux, l'oppression du quotidien ravalée sans mot dire, sa force de travail et de résistance malgré la précarité des statuts, les inégalités sociales: le Marocain moyen est un citoyen sans droit, un homme capable de donner sans contrepartie. Aussi, plutôt que de « déclencher des opérations spectaculaires » comme cette dernière « intempestive "campagne d'assainissement" », opération ponctuelle en réponse à un problème structurel profond, et de violenter la citoyenneté des individus, il vaudrait mieux mettre l'appareil de l'Etat en chantier une fois pour toutes et réformer en profondeur un système politique perverti. Le point clé de cette indispensable restructuration nationale est bien sûr la Justice: il la faut libre et souveraine. Seulement voilà: elle est subordonnée au ministère de l'intérieur, une espèce de « centre unique » ou névralgique par lequel transitent « la justice, l'éducation et l'information, faisant de toute activité, de la culture à la météorologie, une question de "sécurité" ». Et tant qu'on n'aura pas décapité le ministère monstrueux, tentaculaire, qui, « par la multiplication d'agents et de réseaux administratifs dans les régions » a substitué « un encadrement sécuritaire » au développement régional, il n'y aura point de vrai consensus, point de constitution en action: rien que des citoyennetés briméesŠ Combien de temps les têtes resteront-elles ainsi baissées ? La vie est dure, toujours plus dure, et on la supporte de moins en moins bien. Déjà « les zones urbaines pauvres cèdent progressivement à l'influence des islamistes, forts de leurs réseaux locaux d'aide sociale, de l'attrait moral de leur engagement dans la comunauté et de leur réputation d'incorruptibilité » et le trône qui se gargarise d'être à l'abri de tout intégrisme ferait mieux de regarder comme une leçon ce se passe ailleurs, au lieu d'y aller prêcher ce qui ne s'applique pas même dans sa maison. Ici, comme là-bas, on a laissé aux islamistes le monopole de l'aide sociale, ce qui s'appelle "jouer avec le feu". L'opposition a, elle aussi, sa part de responsabilité: aucun parti n'illustre aux yeux de la foule, le vrai changement appelé avec une insistance croissante. Et le fait qu'elle persiste à ignorer « l'appel d'un million de femmes marocaines pour la réforme du code du statut personnel » suffit à illustrer la « conception figée de la société » et le soutien à des modèles peu démocratiques, d'une opposition « qui ne remplit plus ses fonctions de mécanisme d'intégration sociale ». Les femmes, la jeunesse marginalisée, les classes urbaines déshéritées ne trouvent pas plus de réponse dans l'éventail des orientations politiques de l'opposition marocaines, qu'elles n'en obtiennent de l'Etat. « Réfléchir sur l'avenir du Maroc, c'est surtout s'interroger sur la place et la fonction de la monarchie, pièce maîtresse du système politique. » Pour Hicham Ben Abdallah el Alaoui, « facteur d'unité », la monarchie reste un « point de repère » et doit pouvoir remplir son rôle d'« institution de médiation » à condition de prendre une certaine distance vis à vis des affaires et de laisser « un nouveau cadre légal et institutionnel (Š) rationaliser sa fonction ». Seulement, si vraiment « la monarchie du XXIe siècle » veut « règner autrement », il faut qu'elle se dépêche de convaincre, car, en cette atmosphère de fin de règne, la médina se construit, en rêve, des lendemains sans roi.

 


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ONU

 

 

LE CONSEIL DE SÉCURITÉ RÉPOND AU RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

 

Le Conseil de sécurité a discuté à huis clos, le 11 septembre 1996, le dernier rapport du Secrétaire général sur le Sahara Occidental. L'agence espagnole EFE. citant des sources diplomatiques, a rapporté que le Conseil de sécurité a décidé que son président, Alfredo Lopes Cabral de Guinée Bissau, répondrait verbalement à Boutros-Ghali. Son message devrait :

1. exprimer la préoccupation du Conseil devant le manque de progrès

2. encourager l'ONU à redoubler ses contacts avec les parties pour trouver une solution 3. faire ressortir la responsabilité primordiale des parties pour trouver une issue

4. mettre en évidence la disposition du Conseil pour aider à sortir de l'impasse.

 

 

 

POLISARIO - MAROC

ENGAGER UN DIALOGUE RESPONSABLE POUR PRÉSERVER L'UNITÉ MAGHRÉBINE

 

Intervenant, mercredi 25 septembre, devant l'Assemblée générale de l'ONU, à l'occasion de sa 51e session dont les travaux se poursuivent actuellement à New York, le ministre algérien des Affaires Étrangères, M. Ahmed Attaf a fait la déclaration suivante:

« Au Maghreb, l'identité, les aspirations et la vocation communes des peuples de la région nourrissent tout naturellement notre souci de préserver le projet unitaire maghrébin dans son rang d'axe stratégique de mon pays qui conçoit ce projet comme priorité nationale irréversible.
La détermination dont fait preuve l'Algérie se veut un acte de foi dans l'avenir et dans les capacités de chacun des partenaires de l'UMA à saisir les avantages et les enjeux de relations confiantes et mutuellement bénéfiques pour répondre aux attentes légitimes de nos peuples.
C'est précisément dans ce contexte de la consécration de cet ensemble maghrébin uni, homogène et fort que l'Algérie contribue à l'avènement d'un règlement juste et durable de la question du Sahara occidental.
C'est à ce titre également que l'Algérie continue d'apporter son soutien politique, ses moyens humains et financiers au plan de règlement de l'ONU, élaboré conjointement avec l'OUA, en vue de la tenue d'un référendum authentique et crédible qui garantisse le libre exercice par le peuple du Sahara occidental de son droit à l'autodétermination et à l'indépendance.
Les problèmes persistants que rencontre la mise en Šuvre du plan de règlement et l'incertitude qu'ils font peser sur la solution politique souhaitée de ce conflit, commandent de redoubler d'efforts dans la recherche de meilleures conditions au déploiement d'une véritable dynamique de paix. Nous sommes persuadés que cela est possible pour peu que chacun s'imprègne de ses responsabilités particulières à l'égard du plan de règlement, de son intégrité et des avantages qu'une solution rapide apporterait au devenir de stabilité et de concorde que tous les peuples de la région sont en droit de revendiquer.
Cela veut dire que les deux parties en conflit, le royaume du Maroc et le Front Polisario, doivent prendre conscience de tout ce qu'un dialogue franc, constructif et responsable peut leur apporter pour résoudre les questions en suspens de l'étape actuelle, mais également pour préparer l'avenir.
Cela veut dire que le devoir de la communauté internationale et de l'ONU en particulier doit se traduire par un engagement et une présence plus soutenus, par la persévérance dans l'effort de paix en conformité avec leurs responsabilités à l'égard du peuple du Sahara Occidental et de la satisfaction de ses droits légitimes. »

Rappelons qu'une importante délégation Sahraouie, conduite par M. Mohamed Salem Ould-Salek, ministre-conseiller, à la présidence, participe aux travaux de l'actuelle session de l'Assemblée Générale de l'ONU &emdash; la question du Sahara occidental étant inscrite à l'ordre du jour en tant que question de décolonisation.

 

 

Adieu Boutros-Ghali ?

 

La complicité de Boutros-Ghali avec la monarchie marocaine dans l'affaire du Sahara Occidental ne date pas d'hier. Tous les acteurs de la lutte héroïque du peuple sahraoui pour ses droits à l'autodétermination et à l'indépendance la connaissent depuis bien longtemps. Elle s'est traduite durant ces cinq dernières années par un soutien à peine déguisé aux positions de la monarchie marocaine sur la manière dont devaient s'effectuer les inscriptions sur les listes électorales prévues à l'occasion du référendum que le Conseil de sécurité avait décidé d'organiser au Sahara Occidental, sous l'égide de la Minurso. Les responsables de cet organisme, créé par le Conseil de sécurité, n'ont cessé de dénoncer les obstacles placés par Rabat sur la voie de l'organisation du référendum. En recommandant tout récemment de réduire à sa plus simple expression le nombre des observateurs de la Minurso, sous prétexté qu'aucun accord n'avait été conclu entre le Maroc et le Polisario, Boutros-Ghali a donné un coup pratiquement fatal aux objectifs que celle-ci s'était fixés dès le départ. Si Alger - et la centaine de pays qui reconnaissent le Polisario- ne s'étaient pas plaints de la décision arbitraire du secrétaire général, celui-ci aurait tout simplement enterré l'ensemble du processus. N'avait-il pas confié, en octobre 1994, au siège de l'Onu, à Ismet Abdel Meguid, le secrétaire général de la ligue arabe, qu'il n'avait personnellement aucun doute sur l'appartenance du Sahara

Occidental au Maroc ? "D'ici cinq ans, ajoutait-il, on ne parlera plus du Polisario, j'en suis certain." Est-il aussi certain que d'ici-là - si entre-temps le Polisario n'obtient pas satisfaction - la guerre ne reprendra entre les deux parties ?

Simon Malley

Le Nouvel Afrique Asie, n° 84 - Sept. 1996.

 

 

LE JEU DE BOUTROS-GHALI

 

Dans une lettre adressée, le 26 août 1996, au président du Conseil de sécurité, le Front Polisario constate qu'une fois de plus le Secrétaire général fait preuve de partialité, en mettant systématiquement sur le même pied d'égalité les deux parties, Maroc et Front Polisario. «Cette position de Ponce-Pilate ne permet pas à la MINURSO de gérer de façon crédible le processus de paix ». Exemple : le rapport prétend que «les deux parties ont réaffirmé leur acceptation du plan de paix ». Mais dans son discours du 7 juillet, le roi Hassan II avait clairement déclaré que le Maroc, «avec ou sans référendum, demeurerait dans son Sahara » !

En ce qui concerne l'identification, même partialité de Boutros-Ghali. «La position du Maroc est incompatible avec celle du Polisario », écrit-il, alors qu'en fait, il suffit de se référer au discours déjà cité, elle est incompatible avec le plan de paix ! D'autant plus que le Maroc refuse la publication de la liste des personnes identifiées par la commission, publication prévue pourtant dans le rapport de janvier du Secrétaire général !

Le Polisario s'étonne aussi de ce que Boutros-Ghali soit muet sur le renforcement constant en hommes et en matériel des forces marocaines sur la frontière nord du Sahara. Il craint que le Maroc n'ait procédé à des liquidations physiques de grande envergure de prisonniers politiques et de prisonniers de guerre sahraouis, puisqu'en 20 ans le CICR n'a pu visiter que 75 prisonniers de guerre.


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DROITS DE L'HOMME

TERRITOIRES OCCUPES : QUE SE PASSE-T-IL ?

Les rencontres au mois d'août dernier, entre une délégation ministérielle marocaine, conduite par le ministre de l'intérieur Driss Basri, et les centaines de jeunes Sahraouis, qui se sont rendus à Rabat, début août, pour réclamer l'amélioration de leurs conditions de vie, ont bien eu lieu ; cependant aucun résultat concret n'en a résulté : la situation des populations sahraouies vivant sous contrôle marocain demeure préoccupante.
La politique de ségrégation raciale menée par le Maroc dans l'optique de renforcer ses positions au Sahara Occidental frappe chaque Sahraoui, femme, homme ou enfant au quotidien. La surveillance étroite par la police marocaine des faits et gestes des Sahraouis, l'impossibilité de circuler librement, le refus systématique qu'essuient ces derniers quand ils réclament un passeport, l'interdiction absolue d'aborder certains sujets politiquement incorrects, sont non seulement autant d'atteintes aux libertés fondamentales du citoyen, et plus encore, la preuve que les Sahraouis ne sont pas, et ne seront jamais considérés comme des citoyens marocains.
Ni la présence de la Minurso, ni la vigilance quand au respect des droits de l'homme en territoires occupés du Sahara Occidental, réclamée par le Conseil de sécurité, ne protègent la population de la disparition politique et autres arrestations arbitraires. Et la Minurso se garde bien de faire le moindre commentaire officiel sur les violations des droits de l'homme par le Maroc aux Sahara Occidental que l'on ne peut ignorer quand on circule dans une ville comme El Aaiun, Smara, Boujdour ou Dakhla. Et la question demeure posée : à quoi sert donc la présence de la Minurso au Sahara Occidental ?

EMPRISONNEMENT ARBITRAIRE

L'OMDH, l'Organisation marocaine des droits de l'homme, a dénoncé dans un communiqué, publié le 26 août 1996, que huit jeunes Sahraouis, qui avaient accompli leur peine d'une année de prison à Salé, aient été maintenus en prison trois mois de plus. L'OMDH, qui avait demandé en vain des explications à l'administration pénitentiaire, exige une enquête afin de déterminer les responsabilités de cet «emprisonnement arbitraire de trois mois, puni par le code pénal ».

FRANCE LIBERTÉS : LES JEUNES MANIFESTANTS SAHRAOUIS NE DOIVENT PAS SUBIR DE REPRESAILLES

La Fondation Danielle Mitterrand est intervenue, le 29 août 1996, à la Sous-Commission des droits de l'homme de l'ONU à Genève, pour demander qu'aucune représaille ne soit exercée contre les jeunes manifestants sahraouis qui s'étaient rendus, début août, à Rabat (Maroc), venant des villes occupées du Sahara Occidental pour revendiquer l'amélioration de leur situation sociale..

En réponse, le représentant du Maroc a déclaré : «le Maroc est un État de droit, personne ne devrait avoir de préoccupations au sujet des citoyens qui exercent leurs droits dans le cadre de la législation en vigueur » (sic).

LA LIGUE AFRICAINE DES DROITS DE L'HOMME CRITIQUE L'ACTION DE L'ONU AU SAHARA OCCIDENTAL

A l'occasion de la tenue de la 51ème Assemblée Générale de l'Onu, la Ligue Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples, a appelé les Nations Unies à mettre en Šuvre un véritable plan global international d'urgence en faveur des droits de l'homme en Afrique, notamment au Sahara Occidental.

Dans une lettre ouverte, adressée au président de la 51ème Assemblée générale de l'Onu, M. Ismail RAZALI, la Ligue s'interroge sur l'incapacité des Nations Unies, dont la mission fondatrice est le droit des peuples à disposer librement d'eux mêmes, à mettre en Šuvre le processus référendaire au Sahara Occidental. « Il est politiquement, juridiquement, légitimement, moralement et humainement inconcevable que l'Onu ne soit toujours pas parvenue à mettre en Šuvre le processus référendaire au Sahara Occidental en permettant au peuple du Sahara Occidental d'exercer son droit à l'autodétermination, conformément aux résolutions pertinentes de l'Onu et e l'Oua », rapporte une dépêche de l'APS, du 22 septembre 1996 « Nous considérons, poursuit la Ligue, qu'il est urgent que les instances exécutives reprennent avec impartialité, efficacité et détermination ce processus en appliquant dans sa totalité le plan de règlement des Nations Unies et en encourageant les parties en conflit - le royaume du Maroc et le Front Polisario- à entamer officiellement et sans arrières pensées des négociations directes».


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Considérations élémentaires sur la société sahraouie

 

Les ressources collectives, matérielles, symboliques voire mythiques ont participé de l'affirmation du Front Polisario depuis le début des années 1970.
Si le Front Polisario est le point culminant de l'expérience historique de la personnalité sahraouie, il ne faut pas se limiter uniquement à la mise en place des institutions nationales, la RASD, et internationale, l'insertion progressive et affirmée de ce nouvel État dans le système international, lui même en plein essor. En témoigne la disparition de certains États, la RDA, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie et l'émergence de nouveaux États.
Le praxis de la couche politique dirigeante au sein de la société sahraouie, n'est pas à notre sens opposée ni ne contredit l'inspiration des masses sahraouies.
Mais toute véritable compréhension de la société sahraouie ne doit pas se limiter uniquement à l'unilatétralité des institutions étatiques même si elles sont légitimes, ou largement représentatives.
Elle doit revenir aux fondements de la société elle-même - c'est-à-dire un certain saisissement de l'essence de la trajectoire, historique de la société maure autrefois tribale.
Il est évident que le Front Polisario a apporté à la société sahraouie une transformation en profondeur. De ce fait, une réflexion sur la société civile, organique, s'impose comme élément de compréhension. Beaucoup de travaux ont été faits dans ce sens et ne se sont pas limités à l'analyse des rouages étatiques. En continuité de ceux-ci nous orientons nos observations vers l'analyse de la société sahraouie, dans ses fondements socio-symboliques et leur inspiration vers un projet politique original.
La société sahraouie est de nature contractuelle et non fondée sur l'allégeance. Son passé avec la composition/décomposition des alliances intertribales sous-tend aujourd'hui la réalité sociale.
Ce principe de taille sépare la société sahraouie de celle de la société marocaine. Cette dernière s'inscrit dans un système d'allégeance c'est-à-dire l'obéissance au Malik qui, lui, et uniquement lui, guide les affaires du royaume.
La société sahraouie repose, elle, sur un système contractuel, initialement égalitaire : pour faire valoir ce principe d'alliance et non d'allégeance, le Front Polisario dans son 8e congrès populaire des 17 au 19 juin 1991, recommande à ses cadres en formation, « l'exemplarité et le non-clientalisme ». Le mot d'ordre de la RASD : « Là où le sahraoui se trouve, est un citoyen de la République », part dans le sens d'une contractualité sociale.
Cet énoncé, à notre sens, met en cause l'idée que ce soit l'élite des Sahraouis et uniquement l'élite qui ait fondé le Front Polisario, car si cette idée relève d'un procédé théorique très applicable aux sociétés post-coloniales, le nationalisme marocain par exemple, elle réduit la vérité historique, dans le cas des fondements de la RASD, à l'initiative d'une partie de la société et non celle-ci toute entière..
Nous ne pouvons cautionner cette approche, qui condamne toute une société à l'unique activité des dirigeants au pouvoir en les isolant de l'ensemble de la population participante d'autant plus qu'il s'agit ici d'une communauté perpétuellement en mouvement, non seulement parce qu'elle est affrontée à un adversaire redoutable mais aussi parce qu'elle refuse, par sa formation historique particulière toute appartenance à un pouvoir supérieur élitiste.
Dans ce contexte, l'intensification des activités politiques et militaires, si elles ne sont pas conformes au fondement de la société peuvent désorganiser la représentation collective de son peuple. C'est ce que nous constatons dans l'effritement de certaines républiques socialistes ou autres.
Notre réflexion sociologique, ne sera donc pas centrée sur le comportement politique des responsables mais se tournera vers la place qu'ils prennent dans les transformations sociales et symboliques émanantes des fondements mêmes de la société qu'ils souhaitent gérer.
C'est donc à ce niveau, celui de la resocialisation, que nous proposons de réfléchir.

 

Ould Eleya ould Yara,

spécialiste des crises sociales.


Mille sourires

Cent enfants en France (5000 en Espagne, 2000 en ItalieŠ) ont vu cet été, pour la première fois, ce qu'ils ne connaissaient qu'a travers le livre de géographieŠ et les récits de leurs copains, de leurs ainés, des enfants sahraouis qui se succèdent, depuis 1980, chaque été, accueillis quelque part en Europe (Š)En rendant sincèrement hommage à toutes celles, à tous ceux, qui ont réalisé le rêve d'un enfant du Sahara Occidental, nous appelons les familles, collectivités, associations et institutions de France, au nom de la fraternité, pour que mille enfants sahraouis soient accueillis ici l'été prochain.


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