L'Echo du POLISARIO

No 10, mars 1997

Edité par la Représentation du F. POLISARIO en France
11, rue Le Châtelier, 75017 Paris, tél : +33.1. 44 15 99 46
Responsable de la publication : Fadel ISMAEL

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SOMMAIRE

EDITORIAL

REACTIONS A LA NOMINATION DE JAMES BAKER

LETTRE OUVERTE AUX FRANÇAIS

ONU

  • Rapport du secrétaire général
  • Réaction du Conseil de sécurité
  • Réaction marocaine

ACTUALITE

  • L'Algérie réaffirme son soutien
  • Entretiens ONU-POLISARIO
  • Un espoir pour le peuple sahraoui
  • Le dialogue pour éviter le pire

DROITS DE L'HOMME

53ème session de la Commission des Droits de l'Homme de l'ONU (Mars-avril 1997)

Stabilité et cessez-le-feu au Sahara Occidental

Vers une reconnaissance mutuellement assurée,

par Ould Alaya ould Yara

UNFS - JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME

  • La femme sahraouie mène un combat double
  • Solidarité internationale avec les femmes sahraouies
  • Une nouvelle association de solidarité avec les Sahraouyat

RASD

  • Remaniement ministériel
  • Session parlementaire

MAROC

  • Union européenne-Maroc
  • Cercle vicieux
  • Violations des Droits de l'Homme
  • Policiers inculpés à Tanger
  • Association nationale des chômeurs diplômés

EN BREF

  • OUA
  • Les initiatives de Kofi Annan
  • Mauritanie: Interview Hamdi Ould Moukhnass



EDITORIAL

James Baker au Sahara Occidental:

LA MINURSO AURAIT-ELLE ENFIN DES MOYENS POLITIQUES ?

 

La nomination de James Baker au poste de représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies est une grande surprise.

Nous sommes en effet à quelques semaines de la fin du dernier mandat de la MINURSO. Six années durant, le maintien coûteux de la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental sans que le Conseil de sécurité ne lui ait donné le moindre des moyens politiques requis, a totalement discrédité le processus engagé par l'ONU.

Jusqu'ici, la MINURSO n'a été que l'outil du maintien d'un statu quo qui a permis au Maroc d'avaliser son occupation du Sahara Occidental à l'abri du cessez-le-feu. L'absence de toute perspective de solution est devenue tellement évidente que l'audience des partisans d'une reprise de la guerre contre le Maroc s'est considérablement développée au sein du peuple Sahraoui.

Or la volonté manifeste des Etats-Unis de placer l'ancien secrétaire d'Etat américain en prise directe avec le processus de règlement du conflit du Sahara Occidental est peut-être le signe annonciateur d'un prochain dénouement. Cette décision pourrait redonner du c¦ur à l'ouvrage aux artisans du plan de paix et calmer ceux qui, à bout de patience, en sont devenus les adversaires.

La solution pacifique est la meilleure des issues envisageables. Nous ne cachons pas notre espoir de voir l'ONU décidée à le démontrer.

Fadel Ismaïl


Sommaire

Lettre ouverte aux Français

Madame, Monsieur,

Je m'adresse à vous alors que mon peuple traverse une situation critique dont la gravité s'intensifie chaque jour un peu plus.

Nous sommes à la veille de l'échéance du mandat de la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental (MINURSO), un mandat prorogé, rappelons-le, une dizaine de fois depuis l'arrivée de l'ONU au Sahara Occidental, en 1991.

L'ONU, par sa dernière résolution sur le Sahara Occidental, à travers les déclarations de son secrétaire général, a décidé de rester saisie du problème que pose la décolonisation du Sahara Occidental à la communauté internationale depuis les années 1960. La proclamation d'un cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario en septembre 1991, et la mise en place d'un plan de paix par les Nations unies permettant de créer les conditions propices à la tenue d'un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental, furent salués, à l'époque, tant par la Communauté internationale que par les Sahraouis comme l'accomplissement d'un vrai progrès vers le règlement définitif et durable du problème de la souveraineté du Sahara Occidental.

Aujourd'hui, force est de constater l'échec de ce plan de paix, alors que le processus d'identification des électeurs devant participer au référendum d'autodétermination du peuple sahraoui est interrompu depuis presque deux ans, et que la présence de la MINURSO sur le territoire est à peine symbolique depuis sa réduction, en août 1995.

Aujourd'hui, l'interruption de la guerre, et la tournure prise par les événements, avalisent une occupation illicite du Sahara Occidental, permettant au Maroc d'administrer le territoire et d'y tenir des élections en violant formellement le plan de paix.

Aujourd'hui, les espoirs et la confiance du peuple Sahraoui dans les efforts de la Communauté international pour la solution du problème que lui pose l'occupation de son territoire par le Maroc depuis 1975, sont ruinés. Loin de lui profiter, ce cessez-le-feu sans perspective de paix, ne fait que prolonger son exil, le maintenant dans une situation de dépendance de plus en plus précaire. L'exaspération du peuple Sahraoui est à son comble. Aux trop nombreuses concessions faites par le Front Polisario sur les termes du plan de paix initial de l'ONU, le Maroc n'a fait qu'exiger &emdash; quand il ne l'a pas imposé &emdash; l'inacceptable. Et s'il a accepté le principe des négociations directes avec le Front Polisario, il l'a fait sous la pression internationale, sans aucune intention réelle de paix. Le Maroc ne s'achemine pas vers la solution concertée du conflit du Sahara Occidental; désormais, il refuse même le référendum à moins qu'il ne soit confirmatif (de la «marocanité» du territoire) et, propose, en tout et pour tout, au Front Polisario une formule d'intégration boiteuse du Sahara Occidental au Maroc, sans la moindre considération démocratique, sans le moindre respect pour la volonté du peuple sahraoui.

Le Front Polisario est un interlocuteur pour la construction d'une paix durable dans la région, pour la construction régionale, il défend les intérêts du peuple Sahraoui. Il ne défend que ceux-là.

La stabilité du Maroc est une condition sine qua non à la prospérité de la région, aussi les Sahraouis ont-ils tout intérêt à ce que la paix s'établisse au Maroc.

Or la pérennité de ce conflit ne va pas sans l'aggravation de la situation intérieure du Maroc.En ce moment même, alors que l'état de santé du roi se dégrade, une bataille se livre sourdement entre les candidats à la succession du trône. Elle divise l'armée, mettant dos à dos ses généraux fidèles au Makhzen et la jeune génération d'officiers favorable à un Maroc libéral. L'armée se détourne de la guerre qui couve au Sahara Occidental.

Ajoutée à l'écart qui se creuse entre une élite minoritaire et une pauvreté généralisée, la crise politique que vit actuellement le Maroc fait le lit des fondamentalistes de plus en plus suivis. Leur présence se renforce au sein des associations et des partis de l'opposition légale marocaine. Une étincelle suffira à embraser la région, véritable poudrière.

Cette étincelle pourrait bien être la reprise de la guerre au Sahara Occidental.

Seul l'engagement d'une véritable dynamique de paix entre le Maroc et le F. Polisario peut éviter que la guerre ne reprenne. Or, ce dialogue ne peut avoir lieu sans un soutien extérieur. Pour être fructueuses, les négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario doivent se dérouler en présence d'un tiers, neutre, à l'écoute des deux parties, interlocuteur de l'un comme de l'autre.

Je m'adresse aujourd'hui à vous, Madame, Monsieur, et à travers vous à la France, parce que la France s'est toujours déclarée prête à déployer tous les efforts pour rétablir la confiance entre le Maroc et le Front Polisario, et parce-que sa position d'interlocuteur privilégié des pays du Maghreb la désigne, ici, comme le médiateur idéal.

Une copie de cette lettre a été envoyée au Président Jacques Chirac, au Premier Ministre Alain Juppé, au ministre des affaires étrangères Hervé de Charette, au Président de l'Assemblée Nationale Philippe Séguin, au Président du Sénat René Monory ainsi qu'aux dirigeants des partis et aux présidents des commissions des affaires étrangères de l'Assemblée Nationale et du Sénat.

Sommaire

 

Réactions à la nomination de James Baker comme Représentant spécial des Nations Unies pour le Sahara Occidental.

La nomination de James Baker vient renforcer l'assise du plan des Nations Unies pour le règlement du conflit du Sahara Occidental. Un homme clef des relations internationales est dépêché sur le terrain du Sahara où la MINURSO s'est enlisée jusqu'ici, faute de soutien suffisant de la part de la hiérarchie des Nations Unies elles-mêmes. C'est l'investissement qu'on n'attendait plus de la part des Nations Unies au Sahara Occidental.

 

L'importance du Sahara Occidental pour Annan

Washington Post - « Baker s'est forgé une réputation en tant qu'activiste, un grand Secrétaire d'Etat sous Bush. Il a joué un rôle-clé dans la constitution de l'alliance qui a combattu l'Irak dans la guerre du Golfe et dans l'engagement d'Israël et de l'OLP dans des pourparlers de paix (...)
«Annan pense qu'il lui faut un représentant prestigieux pour marquer l'importance qu'il attache à cette question (Sahara Occidental) disent des sources ». (Washington Post, mardi 4 mars 1997)

 

« Un poids lourd...»

EFE - La nomination de l'ex-secrétaire d'Etat des Etats-Unis, James BAKER comme Représentant Spécial pour le Sahara Occidental du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, ouvre des perspectives réelles de solution à un conflit qui a duré plus de 20 ans.
Selon des sources diplomatiques à Rabat, la désignation d'un «poids lourd» de la diplomatie nord-américaine comme Baker, pour régler le problème de l'ex-colonie espagnole, traduit l'intérêt de l'ONU de mettre fin à une question qui lui a coûté des centaines de millions de dollars.
«Si Baker est nommé, ni lui ni les Etats-Unis ne peuvent échouer». Cette phrase, formulée avant la nomination par un observateur du processus de paix au Sahara Occidental, résume l'état d'esprit avec lequel, en moyens diplomatiques dans cette capitale, l'on attend la désignation de l'ex-secrétaire d'Etat nord-américain.
Les raisons de ce semblant d'optimisme sont deux :
En premier lieu, James Baker ne peut risquer de perdre le prestige accumulé dans la conduite d'autres conflits - principalement la guerre du Golfe en 1991 - avec un éventuel échec dans une affaire de moindre importance.
L'appui que l'administration nord-américaine est obligée de donner à l'action de son ex-secrétaire d'Etat garantit, d'autre part, un engagement de Washington qui conduira tôt ou tard, le Maroc et le Front Polisario à «bouger leurs pions».
La question est de savoir qui des deux parties le fera la première, ou si les deux parties le feront en même temps, pour débloquer le processus qui aurait dû aboutir en janvier 1992 à la tenue d'un référendum d'autodétermination du territoire, dont les deux parties se disputent la souveraineté depuis le retrait de l'Espagne en 1976.
Après la suspension du processus référendaire en mai 1996, à cause de leurs divergences sur le recensement des votants, le Maroc et le Front Polisario ont initié, septembre dernier, un «dialogue direct» qui se trouve depuis lors au point mort.
Aussi, que Baker opte pour la reprise directe du processus référendaire ou qu'il reste sur la voie de la négociation, les deux parties doivent faire des concessions, d'autant qu'il est improbable que l'ex-secrétaire d'Etat impose une solution sans leur commun accord.
Alors que, à la veille de la nomination, le mouvement indépendantiste sahraoui s'est félicité du choix de Baker, le Maroc s'est contenté d'une «réponse courte» à ce qui n'est encore qu'un «sondage», selon la revue «Jeune Afrique», dans son dernier numéro.
(EFE, 17 mars 1997, Rabat, par Alberto Masegosa)

L'importance stratégique du Sahara Occidental pour les USA

EFE - Les Etats-Unis se sont prononcés en faveur de l'autodétermination des Sahraouis depuis qu'ils ont commencé à s'intéresser à ce territoire et à sa plate-forme atlantique à la fin de 1980, lorsque l'ancien représentant américain à l'ONU, Andrew Young a visité les camps de réfugiés de la région de Tindouf.
Young a fait à l'époque une déclaration inespérée en signalant devant la presse invitée par le Front Polisario à couvrir cette visite que, « stratégiquement, pour les Etats-Unis, le Sahara Occidental est tout aussi important que le Moyen Orient ».
Cette déclaration n'est pas tombée dans un sac troué, car dès août 1981 se sont succédées les visites à Alger de divers représentants de Washington pour recueillir les informations sur l'évolution du conflit.
Le plus actif de tous était le général Warnon Walters, l'un des héros américains de la seconde guerre mondiale et ancien directeur général de la CIA, qui s'est déplacé à Alger en août 1981 et en mai 1983. Dans les deux occasions, Walters a réaffirmé que les Etats-Unis soutiendraient un référendum d'autodétermination en dépit de l'importance de leurs relations historiques avec le Maroc. Le général vétéran a ajouté que l'Administration américaine ne souhaitait pas avoir un protagonisme direct dans la solution politique du conflit et préférait « partir de zéro » dans cette approche et celle du Front Polisario.
En août 1983, une délégation de parlementaires américains, conduite par le président du Comité des Relations Extérieures du Congrès, M. Howard Wolpe, a tenu à Alger la première réunion officielle et publique avec les responsables du mouvement indépendantiste (...).
Enfin, en avril 1985, le Congrès des Etats-Unis a adopté une résolution dans laquelle il affirmait que « la politique que nous devons adopter dans cette affaire est d'appuyer une solution négociée au Sahara Occidental, qui repose sur le principe de l'autodétermination».
Aux Etats-Unis, le Front Polisario a également bénéficié de l'appui de différents mouvements de solidarité, qui ont tissé un conglomérat d'associations de solidarité avec les indépendantistes, donnant à ces derniers des soutiens financiers et leur ouvrant les colonnes de certains médias.
Les Sahraouis affirment qu'ils soutiendront Baker car ils restent « ouverts » à toute médiation, à condition que celle-ci soit « crédible, impartiale et responsable ». (EFE, 18 mars 1997)

 

« La réaction polie de Rabat »

Jeune Afrique - La perspective d'une nomination prochaine de James Baker, l'ancien secrétaire d'Etat américain (de 1989 à 1992), au poste de représentant spécial de l'ONU pour le Sahara Occidental est accueillie avec enthousiasme par le Front Polisario. (...) A l'inverse, cette éventualité ne suscite qu'une réaction polie à Rabat, où l'on avait guère eu à se plaindre, il est vrai, des différents représentants spéciaux « de seconde zone » qui se sont succédés depuis 1990. (Jeune Afrique n°1888, du 12 au 18 mars 1997)

 

James Baker au Sahara Occidental

El Pais - La tâche est ardue, mais si James Baker ne parvient pas à rapprocher les parties du conflit qui d'autre y parviendra? Sa désignation comme « envoyé spécial» du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, doit être accueillie avec un certain espoir. Outre l'expérience professionnelle comme ex-secrétaire d'Etat, la nomination de Baker reflète que les Etats-Unis sont disposés à pousser pour une solution.
En fait, c'est peut-être le seul pays qui peut rappeler à l'ordre les deux parties, en particulier le Maroc, pour rendre plus flexibles leurs positions. Accepté aussi bien par le Front Polisario que par le Maroc, Baker ne va pas se limiter à explorer les possibilités du plan de paix qui existe théoriquement et qui est en réalité enterré depuis que le Conseil de sécurité a décidé l'année dernière d'hiberner le référendum dans l'ancienne colonie espagnole sur l'intégration au Maroc ou l'indépendance. L'Espagne a déployé, dans cette consultation, prévue pour 1992, des efforts politiques et techniques, de l'argent, y compris l'utilisation des Canaries comme base. Les disputes en rapport avec le recensement ont servi de prétexte formel pour retarder sine die.
Dans cette situation, il parait que la sortie la plus raisonnable - que l'Espagne défend, et que probablement Baker poussera avec résolution - est d'entreprendre un dialogue direct entre le Maroc et le Front Polisario qui permette d'aller au fond des questions en suspens, y compris la souveraineté du Sahara Occidental. Baker, par conséquent, peut vérifier rapidement que, étant donnée la corrélation des forces existantes en faveur du Maroc, une solution réaliste passe probablement par des formules intermédiaires qui permettent aux deux parties de garder la tête haute. La capacité de persuasion de Baker et l'appui des Etats-Unis à sa médiation peuvent être décisifs, mais vingt ans de conflit révèlent que cela ne sera pas une tâche facile même pour l'un des architectes de l'après-guerre froide. (El Pais, 19 mars 1997)

 

« Bienvenue Mister Baker »

Maroc Hebdo International - Un des personnages les plus familiers des rédactions de tous les supports médiatiques. Un des personnages dont le nom est immédiatement répercuté aux quatre coins et recoins du globe, dès les premières rumeurs précédant son éventuelle nomination. Un des personnages dont on connaît à l'avance l'agenda des déplacements et des non-déplacements, des rencontres et des non-rencontres. Un des personnages dont on nous fait suivre et vivre les faits et gestes quotidiens, par l'image, le son et le verbe. Bref, un des personnages les plus connus de la planète, au point que l'on finit par tout savoir, malgré nous, sur ses préférences vestimentaires, ses tics professionnels et ss lapsus simulés.
Vous l'avez certainement deviné. Ce personnage, est l'ancien secrétaire d'Etat des Etats-Unis d'Amérique. Malgré l'aspect bizarrement alambiqué de la dénomination de sa fonction, nous savons, de science médiatique certaine, qu'il s'agit du ministre américain des affaires étrangères. C'est-à-dire des affaires du monde. (...)
La nouvelle question est : Qu'est-ce qu'une personnalité aussi éminente que James Baker pourrait apporter de réellement nouveau et efficace, pour débloquer une situation figée depuis 20 ans ?
Toutes les possibilités techniques pour faire redémarrer l'opération d'identification des futurs participants au référendum ont été explorées. Sans résultat.
Une bonne dizaine de rencontres informelles, puis formellement annoncées - Tanger, les 5 et 6 septembre puis Rabat, à mi-octobre 1996 - des rencontres parrainées au plus haut niveau de l'Etat. En vain.
Le problème est qu'avec un médiateur du calibre de James Baker, le risque est énorme. Il n'a de choix qu'entre réussir et réussir. (...) (Maroc Hebdo International, No 265, du 15 au 21 mars 1997, par Abdellatif MANSOUR)

 

Le soutien maximum de Washington

EFE - Les USA ont promis le maximum de soutien et de coopération à James Baker, ex- secrétaire d'Etat américain, désigné cette semaine comme envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental.
«Il doit compter sur tout l'appui du département d'Etat «, a déclaré M. Nicholas Burns, porte-parole de celui-ci, commentant la nomination effectuée par M. Kofi Annan.
M. Burns a indiqué que la tâche de Baker est « extrêmement difficile « mais qu'il a toutes les qualités professionnelles et humaines pour réussir ». (EFE, Washington, 18 mars 1997)

Sommaire

 

ACTUALITE

L'Algérie réaffirme son soutien

Said Abadou, le ministre algérien des Moudjahidines, qui représentait le gouvernement algérien à la cérémonie du 21ème anniversaire de la proclamation de la République Arabe Sahraouie Démocratique, célébré le 27 février 1997, a déclaré que: « L'attachement et le soutien de l'Algérie aux revendications légitimes du peuple sahraoui sont plus fermes que jamais »

« L'Algérie s'attelle à donner aux relations algéro-sahraouies un caractère particulier et une dimension qui répondent aux exigences de bon voisinage et à la nécessité de renforcer les liens d'amitié, de fraternité et de solidarité entre les deux peuples», a-t-il ajouté.

Entretiens ONU-POLISARIO: La volonté de réactiver le plan de paix

Le secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a reçu Emhamed Khadad, coordinateur du F. Polisario avec la MINURSO, lundi 10 mars, à New York. M. Khadad lui a remis un message du Président sahraoui Mohamed Abdelaziz.

Cet entretien a été l'occasion de faire le point sur l'état actuel du plan de règlement ONU-OUA pour le Sahara Occidental et de passer en revue les obstacles qui empêchent son application. Le F. Polisario a réitéré sa disponibilité à coopérer à tout effort du secrétaire général susceptible de débloquer la mise en oeuvre du processus conduisant à l'organisation d'un référendum d'autodétermination libre et impartial au Sahara Occidental, selon la Mission du Front Polisario auprès de l'ONU.

Dans ce cadre, le F. Polisario a pris note avec satisfaction de l'intention du secrétaire général des Nations Unies de nommer un envoyé personnel pour le Sahara Occidental,et de désigner l'ancien Secrétaire d'Etat américain James Baker. « M. Baker a tous les atouts pour s'acquitter avec succès de sa mission et jouira de la coopération sincère du F. Polisario », indique un communiqué de presse de la Mission du Polisario auprès de l'ONU.

Un espoir pour le peuple sahraoui

Le ministre des affaires étrangères de la RASD a exprimé « la totale volonté du Front Polisario de coopérer, d'une manière sincère et transparente », avec le nouveau représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, M. James Baker, afin de « sortir le plan de paix de l'impasse prolongée et convertir le fragile cessez-le-feu entre les armées sahraouie et marocaine en une paix juste et durable ».

« Personne ne connaît mieux que vous les causes historiques de ce douloureux conflit et les principes et les valeurs menacées, non seulement pour un peuple innocent, mais aussi pour la paix et la stabilité de cette région si sensible », a indiqué le ministre sahraoui, dans une lettre adressée à M. Baker.

Et Bachir Mustapha Sayed de conclure : « Il n'y a aucun doute que votre prestige, votre crédibilité et votre intégrité morale sont porteurs d'espoir et d'optimisme pour le peuple sahraoui. »

Le dialogue pour éviter le pire

Reuter , 27 février 1997

Il y a 21 ans jour pour jour, le Front Polisario, qui refusait le partage du Sahara Occidental entre le Maroc et la Mauritanie, proclamait l'indépendance de l'ancienne colonie espagnole que les troupes de Madrid venaient d'évacuer à la suite de la "marche verte" organisée par le roi Hassan II.

Un long conflit armé s'en est suivi qui a abouti en septembre 1991 à une trêve acceptée par les deux parties - la Mauritanie s'étant retirée entre temps - afin de rendre possible l'organisation, sous la supervision de l'ONU, d'un référendum censé permettre aux Sahraouis de choisir entre l'indépendance et l'intégration au royaume chérifien.

Mais, malgré les efforts du Conseil de sécurité de l'ONU, cette consultation n'a toujours pas pu être organisée, du fait des divergences entre les deux camps sur les conditions de son organisation et la composition de l'électorat appelé à se rendre aux urnes.

Le Conseil de sécurité, qui avait envoyé un contingent militaire et civil pour préparer et superviser les opérations de vote, la MINURSO (Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental), décidera d'ici à la fin du mois de mai s'il convient de maintenir celle-ci devant l'impasse actuelle.

"Nous sommes à un moment crucial et critique car l'impasse est totale", a déclaré jeudi Mohamed Salem Ould Salek, un des principaux dirigeants du Front Polisario, en soulignant que le retrait de la MINURSO entraînerait "une situation de guerre".

Ministre-conseiller à la présidence de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) proclamée par le Front Polisario et reconnue par 76 pays, Ould Salek constate que l'on demeure en présence de "deux positions opposées et totalement inconciliables".

D'une part, le Front Polisario exige un référendum "sans contrainte administrative ou militaire", auquel participeraient les "véritables" électeurs sahraouis désignés sur la base du recensement espagnol de 1974, auquel le plan de l'ONU se réfère.

De l'autre, selon Ould Salek, le Maroc "veut tout simplement un référendum confirmatif" (de la "marocanité" du Sahara) auquel voteraient des dizaines de milliers d'électeurs supplémentaires qu'il présente comme originaires de l'ex-colonie espagnole où il les a transférés depuis 1991.

"Depuis 1991, on tourne en rond", estime Ould Salek, qui prédit qu'un référendum sur la base du recensement espagnol déboucherait sur l'indépendance, alors qu'une consultation aux conditions marocaines conduirait à l'intégration au royaume.

Depuis 1991, les Nations Unies ont, selon lui, "vainement gaspillé" 600 millions de dollars avec la MINURSO, qui disposait d'un budget initial de 184 millions de dollars pour organiser le référendum dans l'année qui a suivi le cessez-le-feu.

Le Front Polisario s'affirme prêt, pour "éviter le pire, ce qui devient inévitable, c'est-à-dire la guerre", à engager "un dialogue sérieux" avec le gouvernement marocain, mais seulement "dans le cadre du plan de paix de l'ONU".

"L'indépendance, l'intégrité territoriale et la souveraineté sahraouies ne sont pas négociables", a réaffirmé avec force Mohamed Salem Ould Salek, qui déplore que les derniers contacts directs avec le Maroc, l'an dernier, n'aient débouché sur aucun assouplissement de la part de celui-ci".

Assurant, confie-t-il, que les dizaines de milliers d'hommes du Polisario se "préparent activement" à reprendre les combats - "tout comme le Maroc d'ailleurs".

Et, ajoute-t-il, "nous aurons le soutien de l'Algérie", qui n'a jamais faibli dans son soutien au Front Polisario, quels que soient ses gouvernements et présidents successifs.

Sahara Occidental: Reprise des hostilités ?

TTU, Lettre hebdomadaire d'informations stratégiques, No 64, du 28 février 1997

Si les instances internationales et les parties en présence ne trouvent pas de règlement équitable à la question du Sahara Occidental avant mai 1997, les Sahraouis reprendront les hostilités et envisagent même de porter la guerre jusqu'au Maroc.
C'est le discours qu'a tenu Mohamed Ould Salek, conseiller à la présidence sahraouie et ancien ministre des Affaires étrangères de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), lors de son passage à Paris, le 27 février, à l'occasion du 21ème anniversaire de la création de la RASD. A ce jour, les efforts de l'ONU pour organiser un référendum sur le Sahara Occidental sont considérés comme un échec.


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DROITS DE L'HOMME

53ème session de la Commission des Droits de l'Homme de l'ONU (Mars-avril 1997)

Quelques interventions

 

CETIM (Centre Europe-Tiers Monde)

Le Représentant du CETIM « se voit obligé de constater que bien peu de choses ont changé pour le peuple sahraoui. Vie précaire, vie d'exil dans les camps de réfugiés sur le territoire algérien, vie humiliante sous occupation dans les zones du Sahara Occidental toujours administrées par le Maroc .» « Il est donc bien légitime que le CETIM continue à vous faire part de ses préoccupations relatives à l'occupation du Sahara Occidental par le Maroc depuis 1975 et cela malgré le fait que la Communauté internationale par la voix du Conseil de Sécurité ait décidé d'un Plan de Paix à mettre en oeuvre dans cette région », a ajouté le Représentant de l'Organisation.

Après avoir mentionné les violations des Droits de l'Homme révélées dans le rapport de 1996 du Département d'Etat des Etats- Unis, le CETIM rappelle que la liberté de mouvement est limitée au Sahara Occidental, « les voyageurs parfois soumis à des interrogatoires, voire même emprisonnés par les forces de sécurité ; la police et les autorités para-militaires réagissent de façon particulièrement dure contre les Sahraouis du Sahara Occidental qui sont suspectés de sympathie pour l'indépendance et le Front Polisario ».

Le CETIM souligne qu' « aucun Etat, membre permanent du Conseil de Sécurité, n'a engagé sa crédibilité et ses forces afin d'exiger du Maroc qu'il respecte le Plan de Paix de l'ONU et qu'il réponde notamment aux nombreuses interrogations suscitées par les disparitions volontaires ».

Fondation Danielle Mitterrand

Monsieur le Président, en ce qui concerne le SAHARA OCCIDENTAL, malgré la lueur d'optimisme et d'espoir apparue dès la fin de l'année 1996, puisque des discussions entre les deux parties avaient eu lieu, l'échec de l'entretien accordé par le Prince Héritier SIDI MOHAMED à quelques membres du FRONT POLISARIO, souligne l'absence de progrès notables dans l'évolution de ce conflit.

Tous les ans, à chaque Commission et Sous-Commission, nous demandons inlassablement l'application du principe d'autodétermination pour le peuple sahraoui. Ce droit à l'autodétermination leur a été plusieurs fois reconnu, notamment à partir de l'avis consultatif de la Cour Internationale de Justice en 1975, à partir de la Résolution votée en 1991 par la présente Commission, et enfin, la Résolution prise à l'unanimité par le Conseil de Sécurité le 20 avril 1991 qui a engendré la mise en place d'un Plan de Paix indiquant les différentes étapes à parcourir et les conditions à remplir pour la tenue d'un référendum d'autodétermination prévu initialement pour début 1992.

Or, Monsieur le Président, nous sommes en 1997, six ans plus tard, et malgré la présence de la MINURSO, nous en sommes toujours au même point. Le MAROC fait tout ce qu'il peut pour empêcher la tenue du référendum et maintenant il parle d'autonomie régionale, à condition que les Sahraouis renoncent à leur revendication d'indépendance. Selon le rapport 1996 du Département d'Etat des Etats-Unis d'Amérique sur les Droits Humains, le MAROC, après les transferts de populations de l'intérieur du Maroc vers les territoires occupés, mène une politique de répression sur la population de ces territoires. Cette population cependant reste attachée au principe référendaire et le FRONT POLISARIO est disponible pour une négociation directe avec le MAROC, en présence d'un médiateur dans un pays neutre.

Le nouveau secrétaire général de l'ONU, Monsieur KOFI ANNNAN, a déclaré récemment vouloir "s'investir personnellement afin de permettre la tenue d'un référendum au SAHARA OCCIDENTAL" et a souhaité, si cela lui est possible, garder la présence de la MINURSO. Il faut donc, Monsieur le Président, avec l'aide de l'ONU, pour trouver une solution politique à ce conflit, inciter les deux parties à reprendre leurs rencontres en recherchant un lieu neutre et un médiateur.

Monsieur le Président, avant de terminer, je voudrais ajouter que la vie des Sahraouis dans les territoires occupés est souvent difficile : le liberté d'expression n'est pas toujours respectée puisque nombreux sont ceux qui occupent les prisons marocaines pour avoir défendu leur territoire et réclamer son indépendance. Quant à la libre circulation des hommes, on peut dire qu'elle y est limitée, puisque des journalistes et des représentants d'organisations de défense des Droits de l'Homme et même parfois de simples voyageurs ont souvent eu des problèmes pour s'y rendre.

Pax Christi International

« Le peuple sahraoui attend de voir réaliser son droit imprescriptible à l'autodétermination, reconnu par les Nations Unies depuis l'adoption de la résolution 1514/1960. A ce propos, un Plan de Paix visant à un référendum libre impartial et loin de toute contrainte militaire ou administrative en vue de l'autodétermination du peuple sahraoui, a été signé par le Maroc et le Front Polisario le 30 août 1988. Nous sommes préoccupés qu'en dépit de cela, le Maroc continue d'en vider le contenu ou d'en bloquer son application »

 

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JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FEMME

 

UNFS - La femme sahraouie mène un combat double

« Le 8 mars 1997 vient rappeler à la mémoire collective que le combat de la femme sahraouie est double. » Ainsi s'est exprimée l'Union Nationale des Femmes Sahraouies (UNFS) à l'occasion de la Journée internationale de la femme. « Partie prenante du combat d'aujourd'hui pour le respect du droit à l'autodétermination et à l'indépendance de son peuple, la femme sahraouie lutte aussi pour sa propre émancipation », a déclaré l'UNFS, rappelant que « l'histoire des femmes du Sahara Occidental, territoire colonisé par l'Espagne au siècle dernier puis occupé par la force, dès novembre 1975, par le Maroc, est marquée du sceau de la souffrance, des sacrifices, des longues attentes, de l'endurance et du courageŠ »
L'UNFS a en effet tenu à saisir « l'occasion de la Journée internationale de la femme pour dénoncer une fois de plus les agissements inhumains du colonisateur marocain » et à lancer « un appel pressant à toutes les femmes du monde, aux organisations humanitaires et de défense des Droits de l'Homme pour faire pression sur le Maroc afin que soient respectés les droits des citoyennes et des citoyens sahraouis dans les territoires occupés. »
L'UNFS a également appelé l'ONU « à tenir ses engagements pour l'organisation du référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, » et notamment à favoriser la voie des « négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc. »

 

FDIF: Solidarité internationale avec les femmes sahraouies

Dans une déclaration à l'occasion du 8 mars 1997, la Présidente de la Fédération Démocratique Internationale des Femmes (FDIF), Mme Sylvie JAN, a souhaité "une belle journée de solidarité avec toutes les femmes de la planète qui luttent pour la paix, le développement social, la démocratie, l'égalité des droits et la parité politique".
"Nous pensons à toutes celles qui affrontent les conflits guerriers, les conflits dits de "ni guerre, ni paix" comme les femmes sahraouies", a notamment dit Sylvie JAN.

 

UNE NOUVELLE ASSOCIATION DE SOLIDARITE AU SERVICE DES SAHRAOUYAT

Un atelier champêtre au coeur de la brique, au fin fond de la Picardie. A Molliens-au-Bois, c'est la FORGE, un lieu de production collective où l'on «façonne des idées en signes publics, à chaud, au feu du réel». Par exemple, sous nos yeux, voici des dizaines de bocaux pas comme les autres : dans ces pots de verre sont enclos les objets-messages, les cris-symboles qu'y ont placés des femmes de tout le bassin méditerranéen, souvent exilées. A chacune un bocal, avec des signes porteurs de bonheur et d'avenir, et puis un bocal - qui enferme la haine, voire la barbarie, afin de s'en préserver. Objectif : mille bocaux semblables pour composer un mur des mille paroles, comme l'héritage précieux qu'elles veulent transmettre à leurs enfants...
Mais pourquoi raconter cette histoire ? Parce que le mur de verre qui parle vient de s'enrichir des cris des Sahraouyat de France ou des campements. Grâce à la rencontre entre l'artiste plasticienne Marie-Claude QUIGNON, créatrice des bocaux et Anne DEVILLE, militante chevronnée de la cause sahraouie. Et sans leur rencontre, l'Association nouvelle, dont nous allons parler n'aurait sans doute pas vu le jour...
Yvan CHARON

L'Echo du Polisario - Quels sont les principaux objectifs de votre Association ?

Anne Deville, Présidente - Notre but, c'est avant tout de soutenir les Sahraouyat en exil, qu'elles soient dans les campements ou ailleurs, dans leur lutte pour leurs droits, le respect de la personne humaine et la reconnaissance de leur Etat. Les aider par tous les moyens, qui vont de l'information aux échanges en passant par la formation et la réflexion en commun.

Question - Et quels sont les besoins prioritaires ?

A. Deville - Ce n'est pas à nous de répondre mais aux femmes sahraouies. C'est un outil à leur disposition et nous allons tout de suite travailler ensemble : avec les représentantes de l'Union des Femmes qui passent en France et avec les Sahraouyat de notre pays qui vont, je l'espère, nous rejoindre massivement. Egalement avec les associations féminines de solidarité des autres pays européens.
En tout état de cause, notre rôle ne sera pas de doubler les nombreuses organisations humanitaires existantes, mais plutôt d'apporter à ces femmes une ouverture sur le monde. Dans le domaine de la communication, je sais déjà qu'il existe une demande pour des cassettes-vidéo retraçant la vie de femmes-phares ou en lutte, aussi différentes que Marie CURIE ou Rigoberta MENCHU. Ouverture sur le monde, aussi, grâce à une forte vocation culturelle dans le droit fil de ce que j'avais entrepris, au sein des Amis de la RASD, en apportant un fond de bibliothèque dans les campements.

Question - D'ailleurs, avant même de créer cette association, vous avez, toutes les deux, ébauché, en décembre 95, une action culturelle avec les Sahraouyat de Mantes, à savoir leur participation à l'opération «1000 bocaux». Ou en êtes-vous ?

M-C. Quignon, secrétaire générale - Un beau jour d'été, j'ai vu arriver ici, avec Anne, trois femmes sahraouies en robes somptueuses qui venaient m'apporter une quinzaine de bocaux. Chose extraordinaire, elles avaient aussi leur attirail pour faire le thé chez moi, un rite typique d'échange et de reconnaissance...
Mais entre temps, en février 96, j'étais allée dans le désert, aux campements. Expérience décisive. Pour les bocaux j'y ai recueilli quelques signes très forts, comme cette poupée fabriquée en os de mouton, cette douille de balle et même un petit morceau de sa maison qu'une femme a cassé pour moi !
Et puis j'ai eu un autre choc qui ouvrait une autre piste ! J'ai découvert une forme plastique typique du paysage sahraoui : les cabanes de chèvres de forme cylindrique construites en tôle de récupération mosaïques de ferraille et de bidon écrasés ! J'ai passé des journées à les photographier...

Question - Et cette vision a puissamment inspiré la plasticienne engagée que vous êtes puisqu'elle sera au coeur de l'Exposition que vous préparez pour 1998 ?

M.-C. Quignon - A travers des objets-signes organisés plastiquement, il s'agit d'un travail de mise en parallèle entre la Résistance des Sahraouis et celle des Français, résistance au sens large contre la barbarie, l'impérialisme, le poison fasciste. J'ai appelé l'expo «BORDS DE GUERRE» Parce-que tous ces objets sont à la lisière d'un conflit. Pour résumer le volet français, disons que j'ai «mis en scène» des vêtements d'enfants d'avant-guerre, retrouvés par hasard emballés dans des journaux fascistes de l'époque. On voit le rapprochement terrible...
Quand au volet sahraoui, c'est une série de quatre cabanes de chèvres stylisées, réalisées grandeur nature en tôle goudronnée et qui seront habitées de signes : une juxtaposition de tous les noms des disparus sahraouis au-dessus d'un sol couvert de mines, sous une couche de sables; une multitude d'étiquettes de boîtes de corned beef, «DON DE LA FRANCE»; les fameux bocaux des Sahraouyat et même une plate-bande de fleurs vivantes pour évoquer les superbes jardins du désert.

A. Deville - Il faut dire que cette oeuvre personnelle de plasticienne permet à Marie-Claude de s'exprimer, mais cette expression n'est ni neutre, ni formelle : elle est chargée de sens et défend la cause sahraouie. C'est une façon d'être artiste et citoyenne. Comme elle l'écrit dans un texte d'accompagnement : «je ne joue pas avec l'esthétique de la misère, j'en extirpe l'ombre et son contenu...» De plus il se trouve que son voyage là-bas devrait déboucher sur notre premier projet culturel.

M.-C. Quignon - J'ai constaté dans les campements que l'expression plastique contemporaine était peut-être moins développée que d'autres formes artistiques, comme le chant et la danse. Et il y a une demande des femmes pour un travail en commun avec une plasticienne. Après avoir recensé les volontaires, il s'agirait d'abord de leur présenter un panorama de la culture plastique contemporaine dans le monde. Ensuite nous nous attaquerions à la réalisation d'une oeuvre collective dans le désert, avec les matériaux du cru : sable, pierre, tissu, ferraille, brique d'argile... Autant de signes à faire parler plastiquement pour représenter, par exemple, la paix ou la guerre. Mais le thème, bien entendu, devra être choisi par elles car il ne s'agit pas d'apporter la bonne parole.

(Propos recueillis par Y. Charon)

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ONU

 

 

Rapport du secrétaire général de l'ONU sur le Sahara Occidental

(27 février 1997)

Observations et Recommandations

Le cessez-le-feu au Sahara Occidental entré en vigueur le 6 septembre 1991 après des années de conflit tient toujours et l'on n'a signalé que quelques violations techniques et sans gravité. S'il y a eu pertes en vies humaines dans des accidents, il n'y a pas eu de tués dont la mort serait attribuable à des tirs ennemis. Il s'agit là d'un résultat non négligeable dans une région menacée par l'instabilité. La MINURSO peut se targuer d'avoir aidé les parties à continuer à respecter le cessez-le-feu grâce à la présence de ses observateurs et aux patrouilles qu'ils assurent. Toutefois, il ne s'agit pas là de l'unique résultat obtenu par la MINURSO. Le processus d'identification et la mesure de confiance que la MINURSO a pu introduire en contribuant à faciliter les contacts entre les deux parties sont des aspects également importants. Il ne faut donc pas que ce qui a été accompli soit réduit à néant.

Il est possible de réaliser des progrès, mais seulement si les deux parties s'engagent résolument, par leurs actes comme dans leurs paroles, à mettre en oeuvre le plan de règlement. Autrement, le maintien de la présence de la MINURSO sera de plus en plus remis en cause. En effet, maintenir la composante militaire à son niveau actuel revient cher, le gros des dépenses de la MINURSO étant occasionnées par la nécessité d'entretenir et d'appuyer les observateurs militaires de façon à leur permettre d'opérer dans les différents sites. En outre, en l'absence de progrès sur la voie d'une solution politique dans le sens indiqué dans le plan de règlement, la présence d'observateurs militaires ne saurait à elle seule empêcher les hostilités. D'autre part, le retrait des observateurs militaires risque de compromettre le maintien du cessez-le-feu et de faire peser une sérieuse menace sur la stabilité régionale. Aussi est-il essentiel à mon avis de tout faire pour relancer le processus politique et de déterminer les moyens, y compris la possibilité de nouvelles initiatives, qui permettant de sortir le plan de règlement de l'impasse dans laquelle il se trouve.

C'est pourquoi je me suis penché sur les questions ci-après :

a) Le plan de règlement peut-il être mis en oeuvre sous sa forme actuelle ?

b) Dans le cas contraire, y a-t-il des aménagements acceptables pour les deux parties, qui pourraient en rendre l'exécution possible ?

c) Autrement, existe-t-il d'autres moyens par lesquels la communauté internationale pourrait aider les parties à résoudre le conflit qui les oppose ?

Je compte approfondir l'examen de ces questions au cours des semaines qui viennent de façon à présenter des conclusions au Conseil avant l'expiration, le 31 mai 1997, du mandat en cours de la MINURSO.

Dans l'intervalle, j'envisage de réduire encore les effectifs de la MINURSO, dont le coût a déjà baissé de 40%, passant de quelque 4 millions de dollars à 2,6 millions de dollars environ par mois. Les effectifs civils ont pu être réduits grâce au non-remplacement du personnel partant et du personnel détaché. le retrait de la composante de police civile permettra aussi, s'il est accompagné d'autres réductions ailleurs, de réduire davantage le personnel administratif civil. J'entends continuer de suivre la situation de très près et informer le Conseil de tout développement.

L'Organisation des Nations Unies ne peut pas contraindre les parties à honorer leurs engagements pour ce qui est de coopérer à l'application du plan de règlement. Sans cette coopération, il sera de plus en plus difficile de justifier les dépenses encourues au-delà du mandat en cours. La communauté internationale ne peut pas continuer à consacrer les rares ressources dont elle dispose au Sahara Occidental en l'absence de tout progrès dans la mise en oeuvre du plan, celui-là même que les deux parties ont librement accepté il y a neuf ans. C'est là un moment critique pour la Mission. Je ne puis que formuler l'espoir que les parties ne manqueront pas de se rendre compte des graves conséquences pour l'avenir de la MINURSO.

Réaction du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité a accueilli le rapport intérimaire du secrétaire général du 27 février 1997 sur la question du Sahara Occidental (S/1197/156). Il a manifesté sa préoccupation pour l'absence de progrès dans l'application du plan de paix au Sahara Occidental. Le Conseil de sécurité est d'accord avec le secrétaire général que la maintien du cessez-le-feu est essentiel, sa violation peut menacer sérieusement la stabilité régionale, et qu'il est fondamental de faire avancer le processus de paix. Il considère que le rôle de la MINURSO est d'aider les deux parties à maintenir le cessez-le-feu. Il espère avec anxiété recevoir l'appréciation du secrétaire général sur les futures tâches de la MINURSO et sur sa présence.

Le Conseil de sécurité a exprimé son soutien aux efforts du secrétaire général pour sortir de l'actuelle impasse dans l'application du plan de paix.

Dans ce contexte, il a accueilli la désignation d'un envoyé spécial du secrétaire général dans la région et a appelé les deux parties à la coopération totale avec lui.


Les « inquiétudes » du Maroc

Al-Hayat - Le gouvernement marocain a présenté des remarques et des «motifs d'inquiétudes» au sujet du rapport du secrétaire général des Nations Unies sur le Sahara Occidental.

Dans une lettre adressée par l'ambassadeur marocain auprès de l'ONU, M. Ahmed Senoussi, au Président du Conseil de Sécurité, «le Maroc considère qu'il est regrettable que le rapport du 27 février se contente d'indiquer que l'opération d'identification s'est arrêtée à la fin de 1995 sans dire la raison principale de cette interruption». (AL-HAYAT, New York, vendredi 14 mars 1997, par Raghda DARGHAM)


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RASD

Gouvernement de la RASD Remaniement partiel

Le Président de la RASD, secrétaire général du F. Polisario a procédé, le 28 février 1997, à un remaniement partiel du gouvernement sahraoui, dont la composition est désormais la suivante :

M. Mahfoud ALI-BEIBA

Premier Ministre

M. Bachir MUSTAFA SAYED

Affaires étrangères

M. Khalil SID M'HAMED

Intérieur

M. Brahim GHALI

Défense

M. Mohamed Salem OULD SALEK

Enseignement et Education

M. Khatri ADDOUH

Information

M. Bouchraya BEYOUN

Commerce et Développement

M. Sid'Ahmed BATAL

Culture

M. Boulahi SID

Santé publique

M. Larabas JOUMANI

Equipement et Transport

M. Hamati RABBANI

Justice

M. Malainine Seddik

Ministre Conseiller à la Présidence

M. Mohamed SIDATI

Ministre Conseiller à la Présidence

M. Salek BABA HASSANA

secrétaire général du Gouvernement

Monsieur M'Hamed KHADAD a été nommé , en remplacement de M. Sayed, Coordinateur du Front Polisario avec la MINURSO (Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara Occidental)..

Le parlement sahraoui adopte le programme du gouvernement

Le Conseil National Sahraoui (parlement) a adopté, à l'issue de sa dernière session, tenue du 5 février au 14 mars 1997, le programme d'action du gouvernement de la RASD pour l'année en cours.
Dans une lettre adressée, lundi 17 mars 1997, au ministre des affaires étrangères, M.Bachir Mustapha Sayed, le Président du CNS, M. Abdelkader Taleb-Omar, a souhaité à ce dernier tout le succès dans l'application du programme extérieur qui « répond», a-t-il souligné, « aux préoccupations que nous avons exprimées lors des sessions précédentes ».


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Stabilité et cessez-le-feu au Sahara Occidental

 

Vers une reconnaissance mutuellement assurée

par Ould Alaya ould Yara

 

Nous insistons sur l'état des lieux, maintes fois évoqué, de la phase de cessez-le-feu accepté volontairement par le Maroc et le Front Polisario, et son rapport avec l'impérative stabilité des Sahraouis, et les négociations précédentes : Bamako 1978, Lisbonne 1979, Alger 1983, Taëf 1988, Marrakech 1989, Rabat l'an dernier.

De ce fait, la guerre au Sahara occidental, avec des phases très distinctes a duré 18 ans (1973 - 1991) et la conjoncture de cessez-le-feu six ans. La période de paix permet de constater que les deux volontés ne sont lisiblement pas inhabiles. Si ces négociations ne sont pour l'instant, ni verbalisées, ni cautionnées, elles prouvent quand même qu'il existe deux volontés donc deux identités. Depuis l'affirmation de l'insurrection sahraouie et la mise sur pied des institutions républicaines, le roi veut autodéterminer le Sahara Occidental en demandant le timbre et le drapeau. La solution du problème de ce point de vue se limite délibérément à la politique de régionalisation adoptée pour le Sahara Occidental (par un référendum «confirmatif») comme l'indiquait le discours du roi lors de la célébration du xxème anniversaire de la marche verte, le 6 novembre 1996, réaffirmée le 3 mars 1997 dans un autre discours du roi, à l'occasion de la fête du trône. Ce plan, remis sur le tapis comme offre aux «égarés», veut que le Sahara Occidental soit une partie intégrante du Maroc impérial donc l'effacement progressif de l'identité sahraouie, ce qui implique pratiquement, à court terme, le démantèlement pur et simple des institutions démocratiques et mythe du fondateur de sa personnalité historique. Les discours royaux reflètent aux yeux des Sahraouis le dicton : «Khadh el maâ ijik ettin» (secoue la flotte, tu auras la boue) : aucun salut collectif pour les Sahraouis, d'autant plus que le roi, maître de son propre destin, veut faire croire aux Marocains que le Sahara Occidental (comme la Mauritanie et le sud algérien autrefois) est marocain, chose que les Marocains eux mêmes n'ont pas envie de croire.

La répartition politique et sociale des affaires des Sahraouis entre les trois pays limitrophes est une affaire désormais du passé. Le roi a vu que la volonté d'autodétermination des Sahraouis n'est pas déclinable et qu'il ne peut plus singulariser le problème du Sahara Occidental uniquement par les ajustements à la baya. «Attendre est reposant», comme s'exprime A. Camus dans le «Malentendu». Ce système hybride proposé par le roi montre que le Maroc sousestime l'irréversibilité des événements historiques. Ces anciennes-nouvelles démarches qui succèdent aux visées annexionnistes très agressives par tous les moyens, est une «fausse fenêtre sur cours», selon l'expression de Schopenhauer. Il en découle, depuis la marche verte (novembre 1975), une stratégie oscillatrice entre la prédominance du Sahraoui comme sujet royal dogmatisé par l'allégeance et l'impératif de reconnaître la RASD. Après cinq ans de l'installation de l'équipe de la MINURSO, la stabilité occultée reste le fil conducteur de tout effort collectif, or le cessez-le-feu a engendré une situation nouvelle par la MINURSO (et la nature du dispositif militaire et électoraliste) : le sentiment de la lassitude que la société civile sahraouie peut exprimer, parce qu'il s'agit d'eux.

Le Secrétaire Général de l'ONU, Kofi Annan, a évoqué le 28 février 1997 la possibilité d'une nouvelle initiative pour sortir de l'impasse actuelle au Sahara Occidental. Cette pratique constante des Nations Unies est jumelée avec l'engagement des Etats Unis d'Amérique ( par la désignation de hautes personnalités) qui, cette fois-ci est conciliatrice des deux volontés. Elle ne peut à notre idée qu'encourager cette reconnaissance et non remuer ciel et terre pour un référendum qui ne sert plus à rien du fait qu'il devient dans la situation actuelle un dilemme qui, comme tous les dilemmes, est insoluble.

Les rites d'étapes des négociations à peine voilées (échange de prisonniers de guerre, civils, etc...) n'auront d'unité capitale, que s'ils débouchent sur une reconnaissance mutuelle assurée. Reconnaissance mutuelle en cours de réalisation, qui sera certainement conditionnée par le contexte purement maghrébin, qu'il ne faut pas négliger : le Maghreb se libère, avec le départ des Palestiniens chez eux, d'un engagement qui date bientôt de cinquante ans. Mais la montée des insurrections dans notre région détermine le jeu contextuel et l'aboutissement de cette reconnaissance mutuellement assurée : La sortie de l'Algérie de sa situation d'instabilité actuelle permettra à l'Algérie de se tourner vers le Maghreb, première préoccupation stratégique. Quand au Maroc, qui vit sans paix sociale, on constate la fissure sociétale entre les très pauvres et les très riches, une corruption structurelle, des émeutes partielles, l'insuccès de l'insertion du Royaume dans le système de production libérale notamment pas le secteur des services de tourisme, etc. et enfin l'interrogation sur la succession royale que tout le monde observe et souhaite voir se selon l'inspiration aussi des Marocains. Partant de ces déterminants sociaux du Maghreb, les négociations ne peuvent aboutir qu'à la reconnaissance mutuelle pour une stabilité dans la région, longuement méditée et obsessionnellement revendiquée.


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MAROC

 

Union Européenne-Maroc: L'Europe ne doit pas participer au pillage du Sahara Occidental

L'interdépendance des Etats européens et maghrébins est une réalité indéniable. En cela, la coopération euro-méditerranéenne est appelée à se renforcer. Dans ce contexte, se situe l'accord, en passe d'être ratifié, qui renforce des liens étroits, historiques, politiques et culturels, existant entre le Maroc et l'Europe, afin d'optimiser des échanges tous azimuts, faciliter la circulation des biens et des personnes et consolider la sécurité, la stabilité, la paix de la région méditerranéenne.

Cependant, la mise en place des conditions propices à assurer le développement et la prospérité de la région ne saurait se faire au détriment du droit du peuple sahraoui et l'accord entre l'Europe et le Maroc ne doit pas concerner le territoire du Sahara Occidental, qui demeure un territoire dont la décolonisation n'est pas achevée et dont le sort est encore entre les mains de l'ONU et de son Conseil de sécurité. L'exploitation et la commercialisation des ressources halieutiques et minières par le Maroc d'un territoire qui ne lui appartient pas est un fait qui pour être établi n'en est pas moins inacceptable. La Communauté européenne ne doit pas participer à ce pillage. C'est au peuple sahraoui que revient la disposition de ce patrimoine et c'est à lui seul de ratifier tout accord portant sur le patrimoine de son pays.

C'est donc à la France et à l'Europe des droits de l'homme et des peuples que le Front Polisario s'adresse aujourd'hui, aux Etats européens membres des Nations Unies et coauteurs de leur charte, pour enjoindre, une fois de plus, les gouvernements au respect des principes élémentaires du droit international. Le respect du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui et la décolonisation du Sahara Occidental sont les prémisses incontournables à la stabilité et la prospérité du Maghreb.

 

Cercle vicieux...

Faites attention au Maroc. Faites grande attention. Ce qui est en train de se passer là-bas appartient à la série des troublants événements en chaîne qui traversent le monde arabe et la Turquie.
Cela se passe comme ça :
Pression pour contraindre les forces économiques des gouvernements arabes à privatiser les industries d'Etat, cesser de garantir du travail aux diplômés et à hausser le prix du pain. Cette restructuration entraîne de gigantesques fossés dans les revenus.
Les perdants descendent dans la rue ou s'orientent vers les organisations des fondamentalistes. Pour exprimer leur frustration, les perdants dénoncent les rapports de leur gouvernement avec Israël, car c'est la voie la plus sensible pour attaquer le régime qui a augmenté le prix du pain. Les autorités réagissent en prenant leur distance avec Israël mais ne baissent pas le prix du pain.
Le Maroc est le creuset parfait pour cette interaction. L'accord de paix égypto-israélien a été d'abord conçu lors de pourparlers secrets dirigés par le roi Hassan II du Maroc. Mais, dernièrement, les rapports entre le Maroc et Israël ont pris froid. Le Premier Ministre Benjamin Netenyahu a voulu visiter le Maroc comme l'ont souvent fait ses prédécesseurs, mais il n'a pas eu d'invitation parce que, comme disait un officiel marocain: « Nous ne voulons pas de tourisme politique. » Alors que les hommes d'affaires israéliens travaillent encore ouvertement ici, les officiels marocains ont boycotté la célébration de la journée nationale d'Israël (...).
Le roi du Maroc a récemment signé un accord avec l'Union Européenne qui fait du Maroc un membre de la zone de libre échange de l'Union Européenne pour dix ans, cela va contraindre l'agriculture et l'industrie marocaines à traiter avec la compétition européenne (...)
Avec un taux d'alphabétisation de 50%, le Maroc a encore des centaines de villages sans eau ni électricité. Les entreprises d'Etat qui ont été privatisées sont souvent contrôlées par la même élite économique, liée au palais royal, qui domine les monopoles d'Etat; ce qui explique pourquoi 3% de la population contrôle 85% de la richesse. Les universités marocaines (...) chaque année forment tant de diplômés qui ne peuvent trouver du travail (...) que le Maroc a aujourd'hui une Union des chômeurs diplômés (...)
Les islamistes dominent aujourd'hui virtuellement toutes les organisations d'étudiants marocains et sont en train de pénétrer les syndicats et les associations professionnelles. Dans une élection libre, ils réaliseraient un bon score.
( Thomas L. Friedman, Herald Tribune, 24 février 1997)

 

Maroc: Violation des Droits de l'Homme

L'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH, indépendante) a dénoncé mercredi, 26 février 1997, la poursuite des violations des droits de l'homme au Maroc, estimant que la situation s'était "dégradée" l'an dernier par rapport à 1995.
L'Association a indiqué, lors d'une conférence de presse, qu'elle avait en 1996 recensé 45 cas de tortures et affirmé que neuf personnes sont mortes des suites de ces sévices, pratiquées le plus souvent dans les locaux de la police et de la gendarmerie.
Depuis janvier 1997, deux autres personnes seraient également mortes dans des circonstances similaires, selon l'Association.
Enfin, selon l'AMDH, soixante et une personnes sont actuellement détenues dans les prisons marocaines pour des délits d'opinion."
(La Tribune", 28 février et 1er mars 1997)

 

Policiers inculpés à Tanger

"Dix fonctionnaires de police, dont trois commissaires, deux officiers de la brigade des stupéfiants et cinq commandants du corps urbain ont été inculpés, par le tribunal de Tanger pour complicité avec un réseau de trafic de drogue. Dans la même charrette ont pris place quatre colonels et un commandant de la gendarmerie royale, ainsi qu'un trafiquant déjà condamné à dix ans de détention et poursuivi à nouveau pour non-dénonciation d'activité illicite. Dans une autre affaire touchant au trafic de cannabis, le ministère public ayant recouru contre le non-lieu prononcé par un juge d'instruction, trois hauts fonctionnaires de la province de Tanger ont, à nouveau, été inculpés, ainsi que trois officiers de police, un colonel et un adjudant de gendarmerie". (Jeune Afrique, No 1886, du 26 février au 4 mars 1997)

 

Association Nationale des Chômeurs Diplômés

Droits Pluriels - Les chômeurs diplômés de l'université se comptent par dizaines de milliers au Maroc. Le nombre ne cesse d'augmenter chaque année en l'absence de politique et de dispositif d'emploi dignes de ce nom. Aucune couverture sociale ni indemnisation ne soulage leur misère matérielle et morale ainsi que celle de leurs familles qui ont mis tant d'espoir en eux.
Aussi l'Association Nationale des Chômeurs Diplômés a-t-elle vu le jour pour défendre le droit constitutionnel au travail. Plusieurs de ses sections présentes à travers tout le pays mènent diverses actions : sit-in, grèves de la faim, marches afin de faire aboutir leur revendication.
(Droits Pluriels, bulletin du Centre Marocain pour la Coopération et les Droits de l'Homme, n°2).

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EN BREF

OUA : Le Conseil des Ministres appelle le Maroc et le Front Polisario à des négociations directes

A l'issue de sa 65ème session ordinaire, tenue du 24 au 28 février 1997 à Tripoli (Libye), le Conseil des Ministres de l'Organisation de l'Unité Africaine a adopté le rapport comportant les résultats des débats sur les différents thèmes de son ordre du jour.
Au sujet du conflit du Sahara Occidental, ledit rapport stipule :
"La situation au Sahara Occidental a elle aussi retenu l'attention du Conseil. Tout en réaffirmant la nature de décolonisation non achevée de cette question, le Conseil a exprimé sa préoccupation devant l'arrêt de l'application du plan de paix ONU/OUA. Il a renouvelé à cet effet son soutien à ce plan de règlement et appelé les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario à poursuivre les négociations directes qu'elles ont entamées, conformément aux résolutions de l'Assemblée Générale et du Conseil de Sécurité de l'ONU."

 

ONU: Les initiatives de Kofi Annan

Dans une interview accordée à Jeune Afrique (No1887, du 5 au 11 mars 1997), le secrétaire général des Nations Unies à déclaré que: « l'ONU conservera ses troupes » au Sahara Occidental. « Le contingent de la MINURSO restera, tout au moins je l'espère. Sur le plan politique, certaines initiatives, dont je dois encore discuter et que je ne peux donc pas vous révéler, vont être prises pour tenter de s'extraire de cette impasse ».

 

Mauritanie: Hamdi Ould Mouknass : de la bonne volonté

Dans une interview accordée à Jeune Afrique (No 1885, du 19 au 25 février 1997), l'ancien ministre des affaires étrangères de Mauritanie, M. Hamdi Ould Mouknass a déclaré que " la Mauritanie, qui est partie intéressée de ce conflit, doit militer pour que son règlement intervienne au plus vite et que l'ONU continue de s'y impliquer. Quant aux frères sahraouis qui descendent en Mauritanie pour visiter leurs parents et leurs amis, ils sont toujours les bienvenus."
Concernant la solution du problème du Sahara Occidental, M. Ould Mouknass a indiqué que " chacun connaît désormais les positions des uns et des autres " et que " le statu quo devient une perte de temps." M. Ould Mouknass pense que le règlement de ce problème ne demande que " de la bonne volonté " pour être réglé. Et il a ajouté :
" Chacun a eu tout loisir de jauger la capacité de résistance de l'autre. Il n'y a ni vainqueur ni vaincu. La solution est donc claire. Il suffit de se mettre autour d'une table et de trouver la formule acceptable pour tous ".

 
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