Les processus d'autodétermination des peuples colonisés

Exposé de M. Bachir Moustafa Sayed, Ministre des Affaires étrangères de la RASD , à l'Université de Barcelone, le 18 juillet 1997

EXTRAIT

[texte complet en castillan]

L'EVOLUTION DES DERNIERS EVENEMENTS ET L'ETAT ACTUEL DES NEGOCIATIONS
L'apport du tandem Kofi Annan - James Baker

Lors de son premier rapport au Conseil de sécurité du 27 février 1997, le secrétaire général de l'ONU faisait référence à trois questions qui schématisent deux options:

  1. Les possibilités d'appliquer le plan de paix avec ou sans modifications
  2. La préparation de voies alternatives avec l'accord des deux parties.

A la lumière de ces propositions M. Baker a effectué une visite sur place du 22 au 24 avril 1997 pour procéder à une évaluation directe de la situation. Par la suite il recevait de plus amples précisions et clarifications de la part du Front Polisario et du Maroc sur les possibilités d'application du plan de paix et sur les façons de surmonter les obstacles empêchant son application.
La reconstitution a posteriori de l'enchaînement des événements permet maintenant de mieux comprendre certaines conclusions que M. Baker a tirées à la lumière des impressions de sa visite dans la région et de la lecture des réponses des deux parties:
La maxime de Baker serait donc de "ne rien décider jusqu'à ce que tout soit décidé". Ainsi, au lieu de perdre son temps en visites dans la région avec le risque de contredire son message: "Baker est la meilleure aubaine qu'il faut saisir immédiatement", l'envoyé spécial a convoqué la rencontre à Londres.
S'il n'y avait pas eu l'indécision et les tergiversations de la délégation marocaine, M. Baker aurait répété un autre "Dayton" à Londres.
De toutes façons la rencontre de Londres a permis, sans aucun doute, d'enregistrer des résultats importants:
  1. L'acceptation par les deux parties de participer à la rencontre de Londres au niveau ministériel (affaires étrangères).
  2. L'accord des deux parties de débuter des négociations directes sous l'égide des Nations unies.
  3. L'accord sur l'agenda de l'étape suivante: les dates, 23 et 24 juin 1997, le lieu, Lisbonne, l'ordre du jour, l'application du plan de paix et uniquement le plan de paix, ainsi que d'autres modalités.
  4. La discussion de certains aspects du plan, particulièrement l'identification des votants, le rapatriement des réfugiés, le cantonnement des troupes, le code de conduite et la campagne référendaire. La diversité de l'ordre du jour, l'importance des points discutés et la pression du temps ont rendu nécessaire la rencontre de Lisbonne pour poursuivre.

LISBONNE

La deuxième rencontre sur la voie d'un règlement pacifique: le dialogue direct en présence de témoins et le courage de concilier apparence publique et confidentialité. Le rideau de fumée s'est dissipé, derrière lequel les plus hautes autorités marocaines dialoguaient avec les Sahraouis, et avec lui toute une ère de timidité et de manque d'assurance a disparu.
Logiquement les Marocains ne perdent rien à s'asseoir à la même table que les Sahraouis. Ces derniers recherchent plus qu'une victoire sur l'oubli et la marginalisation.
L'affrontement diplomatique en Afrique et au-delà autour de la reconnaissance de la République Sahraouie constitue la toile de fond des batailles actuelles et à venir autour de la table des négociations, dans lesquelles les coups consisteront en propositions et contre-propositions.Pour les deux parties l'enjeu est fondamental.
Pour les Marocains l'accréditation de leur thèse sur l'autonomie, qui signifie en d'autres mots la reddition silencieuse et truquée des Sahraouis, passe par le sabotage des relations diplomatiques de l'Etat sahraoui.
Pour les Sahraouis, porter préjudice au-delà du tolérable à leur unique atout dans ces négociations, constitue une déclaration de guerre.

PERSPECTIVES

Les négociations, qui continueront probablement jusqu'à la fin août et même se prolongeront jusqu'en septembre, permettront de porter un jugement sur le plan de paix (son applicabilité ou non, avec toutes les modifications sur lesquelles les parties pourront se mettre d'accord au préalable), et éventuellement de commencer de discuter d'autres alternatives. Logiquement, chaque partie espère tirer profit des négociations: le Maroc cherche à gagner du temps, obligeant ainsi les Sahraouis à continuer à respecter le cessez-le-feu.
Les Sahraouis espèrent pouvoir contenir leur impatience chaque fois plus grande et maintenir le déséquilibre diplomatique avec la puissance d'occupation dans une limite tolérable.
Tout succès sur le front intérieur de chaque partie et toute évolution dans la lutte d'influence que se livrent Américains et Français en Afrique sont suivis avec la plus grande attention et analysés avec tout le sérieux nécessaire. Tout ceci dans l'espérance de jours meilleurs.
Jusqu'à maintenant le temps écoulé depuis les discussions de Rabat (4 au 6 septembre 1996) et la distance parcourue jusqu'à la rencontre de Lisbonne (23 au 24 juin 1997) ont fait faire à la partie marocaine un pas en direction des Sahraouis: reconnaître que le conflit qui oppose le Sahara Occidental au Maroc comporte trois dimensions qui méritent d'être traitées avec la même attention, le même sérieux et la même ouverture:

Le fait que les négociations directes entre le Sahara Occidental et le Maroc se déroulent sous les auspices des Nations unies et avec la participation de l'Algérie et de la Mauritanie constitue le début d'un rapprochement susceptible de remplacer la confrontation par la coopération.


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