[archives arso, publication papier 1992]

Reflets de l'actualité au Sahara Occidental - octobre 1992

1.10.  Nouveau commandant de la MINURSO
Le colonel belge André Van Baelen a pris ses fonctions de commandant par intérim des forces de la MINURSO. Il a le rang de général de brigade (agences).

1.10.  Le Suisse Von Gunten succède à l’Italien Damaso Feci au poste de coordinateur du HCR à Alger pour l’aide humanitaire au peuple sahraoui (La Nazione). Selon le même journal des membres des autorités régionales de Toscane se sont rendus dans les camps de réfugiés dernièrement afin de renouveler leurs engagements humanitaires. 120 enfants sahraouis ont passé les vacances d’été en Toscane.

1.10.  Débat au Congrès américain
Le Congrès a accepté une résolution qui ramène à 52 millions de $ le budget d’aide économique et militaire au Maroc, refusant une augmentation de 20 millions tant que le gouvernement marocain ne se plie pas au plan de paix des Nations-unies (Congressional record).

2.10.  Dans une lettre au président du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU constate que des entretiens entre son représentant spécial et chacune des parties au conflit du Sahara occidental ont eu lieu du 25.8. au 25.9., sans résultats concluants en ce qui concerne la question des critères d’éligibilité. Il propose que Yakoub Khan organise de nouvelles consultations, et, comme nouvelle démarche, prévoit une réunion des chefs de tribu sahraouis. Il diffère son rapport, prévu pour fin septembre, de 6 à 8 semaines en attendant la fin des consultations mentionnées.

7, 8 et 9.10.  Manifestations à Smara...
Des manifestations déclenchées par l’arrestation d’un groupe de Sahraouis par la police marocaine ont eu lieu à Smara au Sahara occidental et se sont amplifiées en manifestations contre la présence marocaine, en faveur du Front Polisario, réclamant l’indépendance du Sahara occidental et la levée de l’état de siège. Des arrestations ont eu lieu, des personnes ont été déplacées et des Sahraouies internées dans l’hôpital de Smara. Les personnes arrêtées auraient subi des tortures. 14 personnes, qui avaient cherché refuge auprès de la MINURSO, ont été reconduites à leurs domiciles par les Casques bleus. Il y aurait eu des dizaines de blessés, dont deux grièvement. Le Front Polisario a publié une liste de 7 femmes blessées et de 6 hommes emprisonnés.
Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité le coordinateur sahraoui avec la MINURSO, Bachir Sayed, demande une nouvelle fois le déploiement de la CIVPOL, la police civile onusienne, «afin de garantir la sécurité des Sahraouis auxquels la MINURSO a refusé la protection appropriée». D’autre part le Front Polisario a mis en cause, par la voix de son représentant en France, le rôle de l’ONU dans les incidents qui ont éclaté à Smara en s’interrogeant «sur le sens de l’actuelle présence onusienne au Sahara occidental».

et à El Ayoun
Dans un communiqué le ministère de l’information sahraoui annonce que des drapeaux de la RASD et des tracts appelant au respect de la volonté d’indépendance du peuple sahraoui ont été distribués à El Ayoun le 15 octobre. Plus de 300 arrestations suivies d’internements auraient été opérés par la police marocaine.
L’ONU indique qu’une enquête, confiée à la MINURSO, est en cours sur les événements de Smara. Le Front Polisario avait demandé la constitution d’une commission d’enquête internationale ainsi que la présence de la presse étrangère sur place, afin de garantir la sécurité de la population sahraouie des zones occupées et d’évaluer la situation. Pour le Maroc il s’agit de simples incidents dans le cadre de la campagne pour les élections communales qui ont lieu le 16 octobre (agences, Ministère de l’information de la RASD).

8 et 15.10.  Selon Jeune Afrique les relations de l’Algérie et de la Tunisie avec le Maroc souffriraient d’un net refroidissement.

12.10.  Le 4è festival d’art populaire s’est tenu dans les camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf.

13.10.  Le représentant spécial pour le Sahara occidental à Tindouf
Yakoub Khan arrive dans les camps de réfugiés sahraouis après s’être entretenu la veille avec Hassan II à Rabat. Il est reçu par le chef de l’état sahraoui. Yakoub Khan laisse entendre qu’il faudra encore de la patience jusqu’à la tenue du référendum. Il se rend le lendemain à Alger pour s’entretenir avec Ali Kafi, président du HCE algérien (agences).

14.10.  Dans une conférence de presse le président de la RASD exprime sa déception face à la lenteur du processus référendaire et ses préoccupations après les manifestations de Smara. Mohamed Abdelaziz annonce la réunion, entre le 10 et le 15 novembre, à Genève, des chefs de tribu sahraouis sur le modèle de la réunion de juin 1990, afin, selon Yakoub Khan, «de relancer les négociations sur l’organisation du référendum» (agences).

14.10.  Comme pour les deux années précédentes le HCR a décidé d’allouer pour 1993 la somme de 3,5 millions de $ d’aide aux réfugiés sahraouis, destinée à l’achat de tentes, de matériel scolaire et d’ustensiles de cuisine. Le PAM consacre annuellement environ 2 millions de $ à l’aide alimentaire aux réfugiés sahraouis (agences).  

15.10.  Le nouveau chef du SMU (Swiss Medical Unit de la MINURSO) est le colonel Ulrich Kägi.

15.10.  Programme nucléaire du Maroc
Le Maroc construira sur le site de Sidi Boulebra, en bord de mer près d’Essaouira (Mogador), sa première centrale nucléaire de 900 MW. Le site a été approuvé par l’AIEA. D’autre part le Maroc va se doter, dans un délai de deux ans, d’un réacteur nucléaire de recherche d’une puissance de 1 à 2 MW de type américain, dénommé Triga Mark I. Ce programme est développé en étroite collaboration avec SOFRATOME (France) (Jeune Afrique, Les Réalités de l’Ecologie No 35, oct. 92).

16.10.  Violations du cessez-le-feu
Le Front Polisario publie une liste de 22 violations du cessez-le-feu depuis le 20 août, date de la publication du dernier rapport de M. Boutros-Ghali sur le Sahara occidental. Il s’agit uniquement de survols aériens (ministère de l’information de la RASD).


16 - 23.10.  Les manifestations se poursuivent à El Ayoun
Des heurts violents ont opposés de jeunes Sahraouis aux forces de police marocaines le 16 octobre, alors que pendant la nuit le quartier de l’aérodrome était couvert de drapeaux de la RASD. Le Front Polisario publie les noms de 17 personnes arrêtées et torturées. Les 22 et 23 octobre de nouvelles manifestations, sauvagement réprimées, ont eu lieu. Douze femmes ont été blessées et hospitalisées. Il y aurait eu en octobre plus de 380 arrestations. L’AFAPREDESA, l’association des familles des disparus et prisonniers sahraouis, publie les noms de plusieurs personnes arrêtées ou blessées lors des événements d’Assa, de Smara et d’El Ayoun.
Une réunion extraordinaire du secrétariat national sahraoui est consacrée le 20.10. à la situation dans les villes occupées du Sahara occidental. Le secrétariat rend un «vibrant hommage à la résistance héroïque de nos populations» et lance un «appel urgent à la communauté internationale pour qu’elle vienne en aide aux populations sahraouies» (ministère sahraoui de l’information).

Réactions
A Madrid plusieurs partis politiques, syndicats et organisations humanitaires et non-gouvernementales remettent au directeur du bureau de l’ONU un mémorandum à l’intention de Boutros-Ghali. Les comités suisses de soutien au peuple sahraoui, Oxfam Belgique, Barbara Simons, présidente de l’inter-groupe “Paix pour le peuple sahraoui” du Parlement européen, le groupe des Verts et le groupe Arc-en-ciel du même parlement, la Coordination européenne de soutien au peuple sahraoui, l’Association espagnole pour les droits de l’homme, e.a., protestent et demandent la constitution d’une commission d’enquête.
Le Parlement européen «condamne» le 28.10. dans une résolution «les actions violentes de la police et de l’armée marocaines contre la population civile du Sahara occidental» et «demande au gouvernement marocain de libérer immédiatement et inconditionnellement toutes les personnes emprisonnées ou disparues, de lever l’état d’urgence ainsi que de garantir l’accès du territoire à des observateurs indépendants» (agences).

Démentis et confirmations
Le Maroc, par la voix d’Hakim Ibrahim, dément «catégoriquement» que des manifestations aient eu lieu à Smara et à El Ayoun (agences). Le témoignage d’un journaliste portugais vient confirmer les affirmations du Front Polisario sur les manifestations anti-marocaines (Diario de Noticias, 18.10.). Le commandant en chef de la MINURSO rapporte à RFI que le calme règne aussi bien à El Ayoun qu’à Smara. Le chef du secteur de la MINURSO à Smara déclare qu’au moins 14 jeunes Sahraouis ont pénétré dans le quartier de la MINURSO à Smara le 11.10. pour demander l’asile politique, et qu’ils ont été rendus à leurs famillles le lendemain (ministère sahraoui de l’information).
Le gouvernement suisse confirme qu’«environ 15 personnes ont demandé l’asile politique au quartier Nord de la MINURSO à Smara. Cette quinzaine de personnes aurait par la suite été emmenée, avec des voitures de l’ONU, vers des destinations de leur choix. Durant le parcours, le Commandant local de l’ONU a apparemment pu observer une manifestation devant le Palais du Gouvernement» (ambassadeur Nordmann, chef DOI, lettre à l’ARSO du 26.10.).
 
27.10.  Soutien suisse
Le Parti socialiste suisse a réaffirmé, lors de son congrès annuel, son soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et appelé à l’application du plan de paix de l’ONU. Il a demandé au gouvernement suisse d’«user de toute son influence auprès du Maroc pour faire avancer le référendum» et  exhorté les gouvernements socialistes de France et d’Espagne à faire de même (agences)

28.10.  Différends autour de la réunion des notables sahraouis
Le représentant spécial pour le Sahara, Yakoub Khan, fait état dans son rapport au Conseil de sécurité des difficultés d’organisation de la réunion des chefs de tribus. Pour des raisons financières il propose de les réunir séparément à Tindouf et à El Ayoun. Le Front Polisario demande au Conseil de sécurité que la réunion ait lieu dans un endroit neutre, sans la pression psychologique de l’une ou de l’autre partie, avec des interprètes neutres. Il insiste pour que les délégués soient identiques à ceux de la première réunion, récusant la demande du Maroc d’ inclure cinq fonctionnaires des services de sécurité marocains.  
Selon des sources diplomatiques la majorité des membres du Conseil de sécurité serait favorable à la tenue de la réunion à Genève (agences).

28.10. Le Parlement européen accorde au Maroc une aide financière de 463 millions d’écus pour la période 1992/96. En janvier de cette année la ratification de ce protocole d’aide économique de la CEE n’avait pas obtenu la majorité absolue requise (Reflets I/19) en raison du non-respect par le Maroc des droits de l’homme et des entraves mises par ce pays au règlement du problème du Sahara occidental (agences).

28.10.  Parlement européen
Dans une résolution «sur la libération des détenus sahraouis au Sahara occidental» le Parlement «condamne les actions violentes de la police et de l’armée marocaines [d’octobre 1992] contre la population civile du Sahara occidental», «demande au gouvernement marocain de procéder immédiatement à la libération de toutes les personnes emprisonnées», «de lever l’état d’urgence et de garantir l’accès du territoire à des observateurs indépendants» (agences).

29.10.  Espagne-Maroc
Le parlement espagnol a ratifié le «Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération» avec le Maroc, signé le 4 juillet 1991, par 324 voix contre 29 et 12 abstentions. L’opposition reprochait au Traité ses insuffisances en matière de défense des droits de la personne humaine et affirmait qu’«avec notre signature nous validons les obstacles mis en place par le Maroc pour empêcher le Plan de paix de l’ONU au Sahara occidental». Dans sa réponse le ministre des affaires étrangères a reconnu que «le processus de décolonisation du Sahara occidental n’est pas terminé».
Le gouvernement marocain a retiré l’invitation à visiter le Maroc, adressée au président du Parti populaire, en raison de la position adoptée par ce principal parti de l’opposition lors du vote au parlement sur le Traité.
Lors de sa visite à Algésiras (Espagne), le ministre délégué à la communauté marocaine à l’étranger a été pris à partie par des manifestants en arrivant à la municipalité. Ceux-ci, membres de l’association de soutien au peuple sahraoui, demandaient des informations sur les «disparus» sahraouis et exigeaient un référendum au Sahara occidental (agences).


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