FRONT POLISARIO

Délégation pour l'Europe

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Lettre pour l'Union Européenne
 

Lettre pour l'Union Européenne

Lundi 14 janvier 2002

 

C'est mû par le sentiment de la plus grande urgence que je vous adresse cette lettre afin d'attirer votre attention sur la situation extrêmement sérieuse que connaissent plus d'une centaine de détenus sahraouis qui ont commencé une grève de la faim le 24 décembre 2001 dans la tristement célèbre ´"Prison Noire ", ou ´"Carcel Negra ", de la ville d'El Ayoun dans les territoires du Sahara Occidental illégalement occupés par le Maroc depuis 1975.

Tout d'abord, permettez-moi de vous informer des événements qui constituent cette tragédie humaine. C'est pour protester contre les conditions dégradantes et inhumaines dans lesquelles ils sont maintenus que 131 prisonniers sahraouis ont commencé une grève de la faim illimitée à la "Carcel Negra". Il faut souligner que 23 de ces détenus sont des prisonniers politiques, la plus part d'entre eux arrêtés à Smara le 17 novembre dernier à la veille de la visite de Mohamed VI ainsi que les 23 et 24 novembre à El Ayoun.

Les prisonniers sahraouis ont demandé à plusieurs reprises à l'administration pénitentiaire de répondre à leur demandes qui portent sur des conditions de détentions qui vont de mal en pis. La seule réponse des autorités de la puissance cocupante à ces demandes a été l'usage de menaces et intimidations. Face à cette situation, les prisonniers sahraouis n'ont pas eu d'autre choix que de commencer une grève de la faim, puisque c'est là leur ultime recours pour protester contre la situation intolérable qui leur est faite.

Les grévistes de la faim ont été torturés, maltraités, coupés de tout contact avec le monde extérieur, et certains d'entre eux ont été mis en détention solitaire.

Le 25 décembre 2001, les familles des grévistes (plus de 200 personnes) ont organisé un sit-in pour protester et demander la libération de leurs proches.

Le 2 janvier 2002, les mères et proches des 131 grévistes de la faim ont organisé une marche pacifique contre la situation dramatique de leurs fils et frères détenus. Les manifestants ont été attaqués sans le moindre avertissement par la police qui est intervenue brutalement pour disperser les participants juste au moment où ils étaient entrain de défiler devant l'hôtel où résident les membres de la MINURSO (Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental). Le résultat et qu'un certain nombre de femmes ont été blessées, dont 20 d'entre elles très gravement.

Depuis le 2 janvier 2002, les autorités marocaines poursuivent une campagne massive de pression et intimidation contre les familles des détenus afin de forcer ceux-ci à abandonner leur grève de la faim.

Au moment même où je vous écris, il nous parvient depuis les territoires occupés du Sahara Occidental des informations concernant la détérioration très grave de la situation des grévistes de la faim, ainsi que l'indifférence évidente et brutale des autorités marocaines.

Comme cela se comprend aisément à la lecture des événements mentionnés ci-dessus, les détenus sahraouis ne demandent que les conditions et les droits minimums qui leur sont garantis par les conventions internationales sur la protection des droits de l'homme.

De plus, il est lamentable que cette tragédie humaine survienne au moment où le Front Polisario a décidé unilatéralement le 2 janvier 2002 de libérer 115 prisonniers de guerre marocains, en geste de bonne volonté, et à la demande du premier ministre espagnol José Maria Aznar, dont le pays occupe actuellement la présidence tournante de l'Union Européenne. Au lieu de faire un geste humanitaire réciproque, les autorités marocaines ont opté pour une intensification de leur politique de répression habituelle dans les territoires occupés du Sahara Occidental.

Face à la situation très grave des détenus sahraouis nous vous demandons de toute urgence d'intervenir et de demander aux autorités marocaines d'améliorer les conditions qui menacent actuellement la vie des 131 grévistes de la faim. Nous vous demandons aussi de déployer tous vos efforts pour convaincre les autorités marocaines de cesser leur politique de répression et de libérer immédiatement et inconditionnellement tous les prisonniers politiques, ainsi que de répondre aux demandes légitimes des autres détenus. Pour finir, les autorités marocaines demeurent seules responsables du destin des grévistes de la faim et de tous ceux dont les vie sont sérieusement menacées.

L'Union Européenne et la communauté internationale en général ne peuvent pas se permettre de rester les bras croisés face à cette tragédie où sont en jeu la dignité et la vie humaine. En fait, les grévistes de la faim sahraouis ont désespérément besoin de vous pour que vous veniez à leur secours et que vous répondiez à leur SOS !

Face à la gravité de ce qui se passe, et pour éviter une détérioration irréparable nous demandons avec insistance l'envoi d'une mission d'observateurs de l'Union Européenne à El Ayoun pour constater les faits.

J'aimerais finalement profiter de cette occasion pour vous faire part de toute ma considération et vous présenter mes souhaits les meilleurs pour l'année 2002. J'ajoute à cette lettre la liste, telle qu'elle est établie à ce jour, des grévistes de la faim.

Mohamed Sidati

Ministre conseiller

Délegué pour l'Europe


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