Défenseurs des droits de l'homme sahraouis

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Lettre ouverte à la 58 ème session de la Commission des Droits de l'Homme de l'ONU à Genève

Depuis 1975 et en relation avec le conflit politico-militaire que connaît la région, le Sahara Occidental vit une situation particulière caractérisée principalement par la pratique; par l'état marocain; d'une répression atroce contre la population Sahraouie. Le but essentiel de cette répression était la terrorisation des Sahraouis réclamant le droit à l'autodétermination.

Ainsi, l'état marocain a commis un génocide collective contre les Sahraouis. Des centaines parmi eux demeurent toujours en disparition forcée dans les geôles secrètes marocaines ou s'exercent les méthodes de torture corporelle et psychologique les plus barbares. Leur absence accentue la souffrance de leurs familles. Les campagnes d'enlèvement et d'arrestation ont ciblés toutes les générations de la population Sahraouie à savoir les vieux, les jeunes, les femmes "même enceintes", les nourrissons, ...etc. Des dizaines de Sahraouis ont été traduits devant les tribunaux marocains et leurs procès étaient inéquitables. D'autres ont été enterrés vivants dans des fosses communes. Pour camoufler ces crimes commis contre les Sahraouis, l'état marocain a procédé au quadrillage militaire, sécuritaire et médiatique du Sahara Occidental.

Au début de ce conflit, et pour sauver leurs vies, des milliers de Sahraouis ont choisi de fuir le territoire du Sahara Occidental sous contrôle marocain et vivre par la suite soit aux camps de réfugiés en territoire algérien ou en diaspora. C'est ainsi que le peuple Sahraoui s'est trouvé déchiré.

Depuis la rentrée en vigueur du cessez le feu instauré par l'ONU, les défenseurs des droits de l'homme Sahraouis n'ont cessé de condamner et faire connaître les violations des droits de l'homme commises par l'état marocain contre la population sahraouie. Face à ces actions défiant ainsi le quadrillage médiatique que connaît le territoire du Sahara Occidental sous contrôle marocain, les autorités marocaines mènent une campagne d'intimidation contre ces défenseurs des droits de l'homme Sahraouis. Les organes de presse des partis politiques marocains mènent des campagnes hystériques contre eux. Ces organes de presse ont même revendiqué leur arrestation.

Malgré la répression barbare pratiquée par les autorités marocaines, le peuple sahraoui n'a jamais eu recours aux actions terroristes pour faire exiger le respect de ses droits légitimes. Il a préféré toujours compter sur le soutien de la communauté internationale malgré « l'indifférence » affichée par celle ci quant à ses souffrances. C'est un peuple qui a choisit la lutte PROPRE.C'est un peuple porteur d'un message de PAIX.

Les violations des droits de l'homme au Sahara Occidental ne peuvent donc avoir fin que par l'instauration de la paix dans la région. Cette paix ne peut être réalisée que par l'organisation, sous l'égide de l'ONU, d'un référendum d'autodétermination permettant aux Sahraouis de se prononcer librement sur le statut politique définitif du Sahara Occidental.

Mais, avant l'organisation de ce référendum la communauté internationale se trouve dans l'obligation morale d'exercer des pressions sur l'état marocain pour respecter les droits de l'homme au Sahara Occidental conformément aux principes du droit international humanitaire. Ce respect est tributaire de l'engagement de l'état marocain à:

* établir la vérité sur le sort des disparus sahraouis et ce par la libération des vivants parmi eux et la restitution des dépouilles mortelles de ceux décédés sous la torture dans les geôles secrètes marocaines;

* libérer inconditionnellement tous les détenus politiques sahraouis incarcérés actuellement dans les prisons marocaines;

* indemniser matériellement et moralement, selon les normes internationales, toutes les victimes des violations des droits de l'homme au Sahara Occidental;

* juger tous les responsables des violations des droits de l'homme commises au Sahara Occidental;

* respecter la convention internationale relative à la protection des défenseurs des droits de l'homme;

* respecter la convention de Genève relative à la protection des civils lors des conflits armés;

* ouvrir une enquête sur l'affaire des fosses communes;

* protéger les Sahraouis contre les mines anti-personnel et indemniser les victimes parmi eux;

* lever le quadrillage militaire, sécuritaire et médiatique que connaît le Sahara Occidental.

Enfin, il est d'une grande obligation politique et morale que les pays membres de la Commission des Droits de l'Homme et les ONG qui participent à la 58 ème cession de cette commission oeuvrent pour l'adoption d'une résolution concernant le respect des droits de l'homme au Sahara Occidental et qui statue en particulier la constitution d'une commission internationale chargée d'établir la vérité sur les violations des droits de l'homme commises; depuis 1975; par l'état marocain contre la population Sahraouie.

D'autre part, et malgré la présence de la MINURSO au Sahara Occidental, l'état marocain continue toujours d'exercer sa répression contre le peuple sahraoui. Pour contrecarrer cette répression et protéger par la suite ce peuple, il est d'une grande urgence que la Commission des Droits de l'Homme de l'ONU procède à la nomination d'un rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Sahara Occidental.

Nous comptons sur votre soutien.

Fait à Laâyoune, le 25 Mars 2002

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Droits humains au Sahara Occidental